Gabès : Attaque contre la statue de Tahar Haddad à El Hamma

Gabès : Attaque contre la statue de Tahar Haddad à El Hamma
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Gabès | Des inconnus ont fait tomber la statue de Tahar Haddad dans la délégation d'El Hamma, rapporte ce dimanche matin, 8 février 2015, la radio de Gabès, Oasis FM. "La municipalité d'El Hamma s'est engagée à la restauration de la statue symbole afin de la remettre à sa place dès que possible", affirme le maire adjoint Nacef Najeh. Tahar Haddad est un penseur, un syndicaliste et homme politique tunisien, née à Tunis en 1899, au sein d'une modeste famille originaire du village d'El Hamma, situé à plus de 406 kilomètres de Tunis, dans le sud de la Tunisie. Il a étudié à l'université Zitouna. Après avoir intégré le parti politique de libération Destour, dès sa fondation, il prend la responsabilité de la propagande.   Cependant, lassé par la vie partisane et les guerres intestines, il entame une carrière de journaliste tout en s'engageant dans le mouvement syndical tunisien qui émerge à cette époque, avec Farhat Hached et le mouvement national contre la colonisation française.

Au début du XX ème siècle, il contribue considérablement aux droits syndicaux des travailleurs tunisiens et surtout à l'émancipation de la femme tunisienne : protection contre la répudiation, possibilité de refuser la polygamie ou droit au choix de l'époux.

Il a notamment écrit plusieurs articles au sujet de l'instruction de la femme et son émancipation juridique et sociale dans le journal As-Sawab.  Dans son livre "Notre femme dans la législation islamique et la société", publié en 1930, il fait une exégèse du Coran et s'attaque aux dogmes patriarcaux et religieux. [pull_quote_center] L'ouvrage provoque un véritable tollé et les idées qui y sont développées essuient une vive opposition de la part des franges les plus conservatrices de la société. Haddad fait l'objet d'une violente campagne de dénigrement de la part de membres du parti Destour et de la hiérarchie conservatrice de la Zitouna.  [/pull_quote_center] Mis à l'écart puis condamné par le conseil d'administration de la mosquée Zitouna, la parution de son livre lui cause beaucoup de problèmes et devient même une entrave pour qu'il puisse poursuivre ses études à l'École de droit de Tunis. Il meurt, isolé, honni, suite à une crise cardiaque, en 1935. Ce n'est que plus tard qu'il sera réhabilité. Le fait même que sa statue soit attaquée, 80 ans plus tard, est considéré comme un signe contre la pensée de Haddad. Des membres de la société civile sont actuellement en train de s'organiser pour un rassemblement condamnant cet acte de vandalisme.



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