Notre balance commerciale des biens est historiquement excédentaire avec la France, l’Allemagne, l’Italie et la Libye alors qu’elle demeure déficitaire avec la Chine, la Russie et la Turquie. Pourquoi ?
La note sur le commerce extérieur aux prix courants – octobre 2023 – publiée par l’Institut National de la Statistique (INS) n’a pas, à vrai dire, dérogé à la règle. Du moins dans sa configuration globale.
Les pays avec lesquels nous accusons un déficit commercial sont restés pratiquement les mêmes, et les pays avec lesquels nous réalisons un excédent des échanges maintiennent leurs positions. Avec ceci de différent que les creusements se sont parfois accentués et les excédents se sont améliorés.
Allègement notable du déficit
Au niveau des chiffres, s’il y a quelque chose de notable à mentionner c’est, sans doute, celle de la baisse significative enregistrée au niveau du déficit commercial. A fin octobre 2023, il s’est s’établi à un niveau de -15856,6 MD, contre -21371,5 MD durant les dix derniers mois de l’année 2022.
Un allègement qui a fait gagner à la Tunisie 7,2 points de taux de couverture pour s’établir à 76,1%. Ce déficit provient principalement du déficit enregistré avec certains pays, tels que la Chine (-7029,6 MD), la Russie (-5975,3 MD), l’Algérie (-3548,4 MD), la Turquie (-2807,7 MD), l’Ukraine (-941,7 MD) et l’Egypte (-751,3 MD).
Si le déficit commercial avec la Russie et l’Algérie reste à bien des égards justifiée – ces deux pays étant les principaux pourvoyeurs de la Tunisie en matières énergétiques et de blé (Russie) –, le déficit avec les autres pays, principalement la Chine et la Turquie, n’a pas lieu d’être dans ses proportions actuelles.
Quant on sait qu’entre autres produits importés de Chine figurent des produits artisanaux achetés en devises et vendus dans la médina de Tunis, on se demande quelles sont les parties qui ont autorisé ce commerce juteux et au profit de qui ?
Le même questionnement s’applique aux produits importés de Turquie avec ceci de différent que les parties qui ont ouvert le marché tunisien grandes ouvertes à l’empire ottoman sont, aujourd’hui, derrière les barreaux.
Qu’attend l’Etat tunisien pour mettre un terme à cet accord concocté par Ennahdha et qui a mis à mal un pan entier de notre secteur manufacturier, principalement le secteur du textile.
Balance commerciale excédentaire avec des pays européens
La même note d’octobre 2023 fait ressortir, en revanche, et c’est tant mieux, une balance commerciale excédentaire avec des pays européens. +4625,6 MD avec la France, +2393,8 MD avec l’Allemagne, +844,3 MD l’Italie.
Une explication qui trouve son origine dans l’établissement de plusieurs entreprises de ces pays européens sous nos cieux et qui sont, dans leur majorité, totalement exportatrices.
Des entreprises qui profitent, entre autres, d’une main d’œuvre spécialisée à des prix très compétitifs par rapport à ceux appliqués dans des sites européens.
A cela s’ajoute l’excédent au niveau de la balance alimentaire que réalise la Tunisie avec ces pays, généré par les produits d’exportation de l’huile d’olive, de dattes et de fruits.
Les exportations tunisiennes vers l’Union Européenne (70,7% du total des exportations) ont augmenté de 12,3%. Cette évolution est expliquée par la hausse de nos exportations vers la France (+8,9%), l’Italie (+17,5%), l’Allemagne (+12,3%), l’Espagne (+27,6%), et les Pays Bas (11,6%).
Pour ce qui est des importations avec l’Union Européenne (43,2% du total des importations), elles ont enregistré une baisse de 7,1% pour s’établir à 28689,4 MD.
Les importations ont régressé de 3,9% depuis la France, de 14,9% depuis l’Italie et de 16% depuis l’Espagne. En revanche, elles ont augmenté de 18,5% depuis l’Allemagne et de 25,4% depuis les Pays Bas.
Chahir Chakroun