Avant-hier mercredi, peu après le point de presse qu’il a accordé au Palais des congrès, le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi a reçu, selon la TAP, au palais du gouvernement de La Kasba, Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du conseil des droits de l’Homme de l’ONU, ainsi que Samir Remadi, président de l’Association tunisienne pour la transparence financière.
La restitution à la Tunisie des fonds déposés dans certaines banques étrangères, au nom de Ben Ali ou des membres de sa famille, était le sujet principal de cet entretien ; entretien pendant lequel il a été souligné que les avoirs déclarés par les autorités suisses étaient estimés à 90 millions de dinars tunisiens.
D’autre part, Samir Remadi a affirmĂ© qu’il existait diffĂ©rents comptes : nominatifs, codĂ©s, et des sociĂ©tĂ©s prĂŞte-noms relevant du prĂ©sident dĂ©chu et de sa famille qui n’ont pas Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s par le gouvernement helvĂ©tique. Le mĂŞme processus devrait ĂŞtre suivi pour les avoirs de la famille de l’ex-prĂ©sident dans les banques des autres pays.
Si ces dĂ©clarations du prĂ©sident de l’Association tunisienne pour la transparence financière rassurent, quelque part, quant aux efforts mis en place pour rĂ©cupĂ©rer l’argent de la Tunisie, la procĂ©dure ne serait pas si simple que ça, d’après le quotidien français Le Monde.
En effet, trois Ă©tapes sont indispensables pour la Tunisie (et l’Égypte d’ailleurs) afin de rĂ©cupĂ©rer son dĂ»: le recensement des avoirs, l’action en justice et la restitution des avoirs Ă leur pays d’origine.
Or, rien que dans la phase de recensement, la Tunisie a du mal. La fortune de Ben Ali serait (mais rien n’est sĂ»r Ă©videmment) dispersĂ©e entre la Suisse, le Qatar, le Liban, l’Argentine, la France, Les E.A.U et Malte. NĂ©anmoins, ce recensement n’est pas si facile que ça. En effet, au Moyen Orient, il est connu que certaines rĂ©gions off shore sont peu coopĂ©ratives Ă ce sujet. De mĂŞme, il existe des juridictions (comme le Delaware aux États-Unis) qui cachent l’identitĂ© des actionnaires de fondations. MĂŞme l’Union europĂ©enne, qui se veut comme de bonne foi et soutenant les rĂ©volutions tunisienne et Ă©gyptienne, reprĂ©sente actuellement l’espace Ă©conomique qui contient le plus de paradis fiscaux.
Par ailleurs, une fois ces obstacles franchis, le reste de la procĂ©dure ne devrait pas poser de problème. Prenons encore une fois la Suisse comme exemple : au cours des 15 dernières annĂ©es, l’État helvĂ©tique a restituĂ© l’Ă©quivalent 2,21 milliards de dinars aux États qui Ă©taient dans la mĂŞme situation que la Tunisie. Ce qui laisse entrevoir un espoir sur la coopĂ©ration de l’État suisse.
Enfin, une statistique, pas très optimiste à vrai dire. Lors du Forum mondial sur le recouvrement des avoirs volés, qui s’est tenu en juin dernier, il a été révélé que seuls 2 % des avoirs mal acquis ont été gelés ou restitués à leurs pays…