Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu à l’aube du 28 novembre le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, pour évoquer les récentes prises de position européennes concernant l’affaire de l’avocate Sonia Dahmani. Lors de cette rencontre, le chef de l’État a de nouveau rejeté ce qu’il qualifie d’ingérence étrangère, dénonçant une pression politique exercée sous couvert de défense des droits humains. Il a particulièrement visé la résolution adoptée par le Parlement européen appelant à la libération immédiate de l’avocate, estimant qu’elle constitue une atteinte directe à la souveraineté tunisienne.
Kaïs Saïed a affirmé qu’aucun lien n’existait entre cette résolution et la récente décision judiciaire concernant Dahmani, libérée sous contrôle judiciaire après plusieurs mois de détention. Il a insisté sur le fait que la justice tunisienne fonctionne indépendamment de toute pression extérieure, soulignant que la Tunisie refuse catégoriquement d’associer une décision souveraine aux initiatives politiques d’institutions étrangères.
Le président a également chargé le ministre des Affaires étrangères de transmettre une contestation ferme aux autorités européennes, visant les agissements d’une diplomate étrangère en poste à Tunis, accusée d’avoir procédé à des démarches en dehors des usages protocolaires. Sans la nommer, Kaïs Saïed a dénoncé des actions qu’il estime « incompatibles » avec les règles diplomatiques et avec le respect dû aux institutions tunisiennes. Cette réaction intervient quelques jours après une première convocation de l’ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, Giuseppe Perrone, pour des motifs similaires.
Vers une tension diplomatique ?
La résolution européenne, adoptée à une large majorité, dénonce la détention jugée arbitraire de Sonia Dahmani et réclame l’abrogation du décret-loi 54 utilisé contre de nombreux journalistes et avocats. Les institutions européennes affirment de leur côté que leurs diplomates sont en droit de rencontrer des représentants de la société civile et d’exprimer leurs préoccupations sur l’état des libertés en Tunisie.
Ce nouvel épisode marque une intensification des tensions entre Tunis et Bruxelles. Tandis que l’Union européenne affirme poursuivre un dialogue fondé sur les valeurs démocratiques, la présidence tunisienne voit dans ces positions une intrusion dans les affaires internes du pays. La libération conditionnelle de Sonia Dahmani, annoncée le jour même de la résolution européenne, n’a fait qu’alimenter les interprétations divergentes. Pour Kaïs Saïed, la coïncidence n’en est pas une : seul le droit tunisien serait à l’origine de cette décision.
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