Les promesses de l’évacuation des personnes étrangères à la faculté des lettres de Manouba faites par le ministre de l’Enseignement supérieur le samedi 31 décembre n’ont pas été tenues. C’est avec consternation qu’on a pu voir lundi 2 janvier le renfort des sit-ineurs qui occupent toujours les bureaux de l’administration et du doyen. Dans ces conditions, le conseil scientifique qui s’est réuni l’après-midi même devait constater l’impossibilité de rouvrir la faculté fermée depuis le 6 décembre.
Ce matin, 4 janvier, à l’appel du syndicat de base de l’enseignement supérieur, les universitaires de la FLAHM, soutenus par des étudiants et des collègues d’autres institutions, se sont rassemblés devant le siège du ministère de tutelle pour exiger la levée du sit-in qui paralyse la vie universitaire depuis bientôt un mois. L’entrevue entre le ministre et une délégation de syndicalistes n’a visiblement rien résolu. Moncef Ben Salem réitère sa position qui consiste à transférer le sit-in des locaux administratifs et à poursuivre les négociations avec les sit-ineurs, aux dires du représentant du syndicat de l’enseignement supérieur. Voilà ce qui a provoqué l’indignation des universitaires et des étudiants qui ont alors tenté d’entrer dans le hall du ministère. Quelle n’a pas été notre surprise de voir la violence avec laquelle les forces de l’ordre ont traité les enseignants et les étudiants. Les journalistes qui couvraient l’événement n’ont pas été épargnés par l’intervention musclée de ces mêmes forces.
Quand il s’agit d’universitaires venus exprimer pacifiquement la volonté de reprendre leur activité, l’on n’hésite pas à charger et à recourir à la force, mais devant les salafistes qui entravent les activités universitaires on laisse visiblement faire au mépris du bon sens et de l’intérêt général. Tel es la politique du « deux poids deux mesures » que les nouveaux responsables emploient pour résoudre une crise déclenchée par un groupuscule fanatique, faut-il le rappeler.
Le rassemblement de ce matin aura été émaillé par des provocations émanant des bureaux du ministère. Un barbu a en effet placardé sur les fenêtres des pancartes où l’on pouvait lire : « Dégradation de la fac avant le niqab » ou pire encore : « Le niqab, composante de l’identité ». Des slogans d’une extrême gravité qui laissent entendre la nouvelle tendance du ministère. Cette journée marquée par l’intervention musclée de la police marque ostensiblement un tournant dans le bras de fer qui oppose la FLAHM et le ministre de l’Enseignement supérieur.
Voici une vidéo dans laquelle des étudiantes témoignent de l’utilisation de l’intervention musclée de la police lors du rassemblement de ce matin, 4 décembre 2011 – (Vidéo Crédit spymacrem)