Après plus d’un mois de la révolution tunisienne, nous n’arrêtons pas d’assister à des changements radicaux dans les administrations tunisiennes étatiques et privées. Les opérateurs de télécommunications eux non plus n’ont pas pu échapper à cette conflagration.
Ces derniers ont contribué à la réussite de cette révolution en veillant au maintien de leurs qualités de services de téléphonie et d’internet avant et après la journée historique du 14 janvier, ce qui a permis l’échange et le partage des informations via le téléphone et le web.
Certains accros d’internet ont avoué que la 3G d’orange, par exemple, a rendu fluide le partage des échos des manifestations sur internet, vu le débit qu’elle offre.
Cette contribution se fait ressentir encore plus quand nous remarquons ce qu’a provoqué la coupure de ces moyens de communication durant les premiers jours de la révolution égyptienne.
Nos opérateurs ont aussi répondu présents par un acte de solidarité post révolutionnaire qui consistait en l’offre de 5 dinars de crédit gratuits aux abonnés, pour leur permettre de rester en contact avec leurs proches en ces temps de panique, vu l’indisponibilité des points de recharge. Une initiative de Tunisiana qui était rapidement adoptée par Orange et Tunisie Telecom.
Pendant les émeutes, ils se sont aussi unis en annonçant la gratuité des numéros d’urgence depuis fixe et mobile.
Cette générosité ne les a tout de même pas épargnés du grand mouvement de protestation sévissant qui s’est propagé dans le pays et a provoqué un séisme au sein de plusieurs grandes entreprises.
Commençons par Orange Tunisie, dont la licence de téléphonie et d’internet est acquise par la fille de Ben Ali Cyrine Ben Ali et son « mari » Marouen Mabrouk qui est président d’Orange Tunisie. Ce dernier, le Pdg d’Orange, n’essaye-t-il pas avec tant bien que mal de se dissocier de l’image de son beau père?
Même, Mohamed Garbouj, plus de dix ans au sevice de Cyrine et Marouen dans les entreprise TIC, aurait été remercié et aurait ainsi quitté Orange Tunisie de son poste de DGA.
Cependant, malgré de ces grabuges, les employés d’Orange Tunisie ont gardé leurs postes sans être contaminés par le symptôme de grève.
Passons à Tunisiana, dont 25% de son capital a été racheté majoritairement par Sakhr Materi gendre enfui de l’ancien président, elle n’a pas su échapper au rituel de la grève de la même attitude. Les représentants du personnel de Tunisiana, et spécialement les commerciaux ont exposé leurs revendications lors d’une réunion le 28 janvier avec le directeur général Yves Gauthier. Ils ont demandé une régulation et une équité dans la grille salariale, une partition totale du bonus de l’objectif de l’entreprise ainsi qu’une garantie de meilleures conditions de travail aux employés. Impatiemment, quelques jours après cette réunion, les employés de Tunisiana ont monté d’un cran leurs intentions de faire une grève afin d’accélérer la réalisation de leurs demandes. Une autre réunion s’est organisée alors le 14 février entre les représentants de Tunisiana et ceux de l’UGTT pour trouver un accord pour les revendications de ces salariés et ont fini par trouver une solution. Ainsi un préavis de grève émis par l’UGTT dans une date précédente, a été levé.
Enfin Tunisie Télécom, qui, on peut l’affirmer, était la plus touchée par la colère de ses salariés, était la première à être troublée par les grèves post révolutionnaires qui ont débuté le 20 janvier. Les protestataires demandaient la démission du PDG Montassar Ouali qui occupait ce poste depuis 2008. Les demandes des manifestants se sont accrues dès lors jusqu’à ce que ce dernier ait démissionné le 31 janvier. Le lendemain le ministre de l’Industrie et de la Technologie nomma Raouf Chkir au poste de Président Directeur Général du groupe Tunisie Télécom. La vague de colère ne s’est pas calmée au sein du groupe lors de l’apparition d’un document dévoilant les salaires exorbitants de 65 des dirigeants et directeurs contractuels. Les salaires mensuels des responsables allant de 4000 dinars à plus de 26000 ont été jugés mirobolants et injustes par les manifestants. L’une des revendications des employés de Tunisie Télécom était, par conséquent, de licencier tous ces contractuels. Le syndicat n’a pas obtenu gain de cause et le Secrétaire d’Etat chargé des Technologies de la communication, Sami Zaoui, s’indigne que mettre 63 des cadres tunisiens à la porte est illogique surtout pendant cette phase transitoire.
Cependant, malgré la confusion qui règne sur certains opérateurs, le service de téléphonie essaye de garder entre autres sa qualité et son dynamisme. Les offres commerciales commencent donc à réapparaître petit à petit sur le marché.