Œuvre de l’artiste espagnole Eulália Fàbregas de Sentmenat, un bas-relief délaissé orne la place Barcelone et mériterait un meilleur sort.
Qui mieux qu’Alfonso de la Serna, ambassadeur d’Espagne en Tunisie entre 1968 et 1973, pourrait décrire le monument érigé en célébration de l’amitié entre nos deux pays ?
Dans son livre de mémoires, paru en 1979, le diplomate espagnol écrit : « L’un des espaces les plus grands, sinon le plus grand, de la ville moderne de Tunis, est celui appelé la place de Barcelone. J’eus l’honneur de l’inaugurer il y a quelques années, en tant que sceau de fraternité entre les deux capitales, la tunisienne et la catalane.
Parmi les jardins et les fontaines se dresse un bas-relief offert par la ville de Barcelone, et qui représente une « Sardane » dansée par un groupe d’Arabes et de Catalans. Les danseurs se donnent les mains en faisant la ronde de la vieille danse de Sardaigne, le cercle de l’amitié.
Lorsque je vis pour la première fois cette scène pétrifiée, elle me parut être un symbole exact. Par-delà les affrontements et les guerres, au-delà du sang et de la douleur, les deux anciens royaumes méditerranéens ont fini par se connaître et dansent maintenant côte à côte dans cette ronde de l’amitié ».
Plus de cinquante ans plus tard, le bas-relief se trouve toujours au même endroit, au fond de la place Barcelone, non loin des guichets de la station de métro. Oublié, quasiment abandonné, cette œuvre de l’artiste Eulàlia de Fábregas de Sentmenat(1900-1992) représente en effet, une danse catalane : la sardane pour laquelle, bras levés, on forme un cercle fermé en alternant des hommes et des femmes. Très populaire à Barcelone, cette danse a ainsi été fixée sur ce bas-relief offert à la ville de Tunis lors de son jumelage avec Barcelone.
Comment restaurer et mettre en valeur ce monument symbolique ? Pourquoi ne pas profiter de la présidence espagnole de l’Union européenne pour engager une action de sauvegarde de ce bas-relief ? Une telle action serait d’autant plus bienvenue que la place Barcelone – elle-même délaissée – a connu une sérieuse reprise en main ces derniers mois.
Il suffirait d’une mission technique de nettoyage et pourquoi pas d’illumination nocturne pour faire revivre cette œuvre d’art. De plus, une plaque commémorative pourrait offrir un éclairage à propos de la présence de ce monument malheureusement perdu de vue.
Pour rappel, la ville de Tunis et celle de Barcelone ont conclu un jumelage en 1959 alors que la place qui abrite le bas-relief a été inaugurée en 1972. Par ailleurs, les deux villes ont plusieurs domaines de collaboration et échangent régulièrement des missions techniques.