En l’an 2023 de notre ère, dans cette contrée trois fois millénaire, il fut un événement qui bouleversa les consciences tellement le contenu était abject et dégradant, dévoilant un épisode parmi tant d’autres où la culture perdit toute sa dimension civilisationnelle.
C’est parce que depuis quelque temps, bon nombre de nos festivals, ou plutôt de responsables de ces festivals ont choisi de considérer le volet pécuniaire au détriment de la notion de culture, dans le strict objectif de renflouer les caisses avant de renflouer les esprits.
Et le meilleur exemple à ce sujet ne peut être, tristement, que le célèbre et mythique, et qui ne l’est plus, Festival international de Carthage dont le logo équin, à titre de rappel d’un certain passé, revenait à la Société nationale des courses (SNC) qui le sponsorisait.
Il était donc un temps où ne foulait la scène de ce légendaire théâtre romain de Carthage que les plus grands noms de la musique et de la variété internationales à l’instar des Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Claude Nougaro, James Brown, Dalida, Gérard Lenorman, Youssou N’Dour, Louis Armstrong, Ray Charles, Alpha Blondy, Joe Cocker, Serge Lama, Julio Iglesias, et même le virevoltant Jamel Debbouze.
Un festival qui se place dans la lignée des grands événements et qui tient à rivaliser avec d’autres festivals internationaux de renommée. Ces artistes dont bon nombre programmaient un passage par Carthage lors de leurs tournées d’été.
Sans oublier ceux de la scène arabe les Sabah Fakhri, Wadiî Essafi, Najet Essaghira, Warda, Majda Erroumi, Anouar Brahem, mais aussi la défunte Naâma, Feu Hédi Jouini, pour ne citer que ceux-ci. Chacun rêvant de fouler sa scène.
Ni omettre d’autres volets de ce genre de spectacles telles que les pièces de la Comédie-Française ou les danseurs du Ballet Bolchoï, ceux du ballet Saint Pétersbourg (pour jouer « Le Lac des Cygnes » par exemple), de l’Opéra de Paris et que sais-je encore… ?
Entre deux soirées, le Festival de Carthage proposait, en ce temps révolu, le « Festival international des arts populaires » où les fidèles de ses gradins découvraient d’autres cultures à travers danses, tenues traditionnelles, cérémonial de fête, us et coutumes, animés par des troupes populaires venues des quatre coins du monde.
Même que ce discours se prévaut par beaucoup de nostalgie, que reste-t-il aujourd’hui de ces concerts et de ces programmes copieux et enrichissants ?
Ce populisme rampant…
Le populisme rampant a malheureusement fait de l’amphithéâtre de Carthage un véritable défouloir par la présence de ces pseudo artistes orientaux particulièrement ; des néophytes sans véritable répertoire, juste porteurs de « rythmes enivrants » que le commun des Tunisiens consomment naïvement, adorant se déhancher jusqu’à épuisement sans plus !!!
S’agit-il d’une liberté mal assimilée et faussement acquise qui se répercute sur le comportement que nous constatons de nos jours dans la majorité des festivals ? Des esprits totalement transvasés et asséchés de savoir et de culture, même dans leurs plus simples expressions ?
L’éthique d’une responsabilité
Les choix politiques étant différés vers un populisme avilissant, et ce, depuis l’ère du « Changement » sous Ben Ali, et qui se sont raffermis davantage en 2011, le Festival de Carthage, comme beaucoup bien d’autres, ont versé dans la décadence totale, avec une programmation qui tend vers le gouffre de l’inculture, la notion de culture, la vraie, étant bien loin des esprits de ces directeurs de festival.
Ces derniers prétextant « une satisfaction des différents goûts et des différentes tendances »…
De quelles tendances s’agit-il lorsqu’on se paye la souveraineté d’un pays ou l’intelligence d’une frange d’un peuple avec ces « fêtes galantes » en ouverture, ces obscénités pour soi-disant « faire rire » ou cette musique de basse facture ???
Que chacun assume ses choix et réponde des conséquences de la dépravation des esprits et de l’avilissement de notre culture.
Carthage n’a plus sa notoriété d’antan par ces choix erronés, faisant du plus célèbre des festivals de par le monde arabe et international, une scène de brouhaha et un grand cabaret à ciel ouvert sans plus…