Dans les années soixante-dix, toute la jeunesse du Kram et de Khereddine, passait les soirée estivales entre deux sorbetteries. C’était l’époque du va et vient entre Alfred et Cacciola.
Aujourd’hui, si les lieux ont changé, la mémoire reste. En effet, la sorbetterie Alfred a connu un léger déplacement puisque son local initial, au niveau d’Aéroport, a été transformé en immeuble. La boutique se trouve aujourd’hui un peu plus loin et continue à rassembler les gourmets.
Pour Cacciola, l’histoire en a voulu autrement puisque le local historique a été transformé en un poste de police, aujourd’hui désaffecté.
Toutefois, le nom Cacciola n’a pas pour autant disparu puisqu’avec l’aval de la famille, Omar Lasram a rendu hommage à Salvatore Cacciola en donnant son nom à une épicerie fine où il crée l’une des meilleures boutargues de Tunisie.
Pour autant, personne n’a oublié les marées joyeuses de jeunes passants qui se donnaient l’avenue, entre les deux glaciers, comme périmètre de promenade.
Ce carrousel a duré des années dans une ambiance festive où le vivre-ensemble était de mise et la joie de rigueur. Cette lente translation d’un bout à l’autre de l’avenue, était désignée de « carroselo » et de va et vient, dont la lenteur exaspérait les automobilistes de l’époque.
Que reste-t-il désormais de la mémoire de ces glaciers italiens qui ont fait les riches heures de la banlieue nord ?
Les délices intacts du bon vieux Alfred
La sorbetterie Alfred reste de nos jours encore un des hauts lieux de la banlieue nord de Tunis. Situé à la convergence des quartiers de Khereddine, Aéroport et le Kram, ce glacier a une longue histoire qui se confond avec la deuxième moitié du vingtième siècle.
On venait chez Alfred de partout et ses glaces se déclinaient selon tous les parfums. Des années durant, les abords de son échoppe, l’été venu, étaient devenus le lieu de ralliement de toute la jeunesse des banlieues.
Idéalement situé, le magasin du glacier sera déplacé vers son emplacement actuel, légèrement en retrait par rapport au grand rond-point.
Toutefois, l’histoire d’amour entre le public et les glaces d’Alfred se poursuivra encore et toujours à l’enseigne de la gourmandise. Vacherin, chocolat glacé et le toujours fameux sandwich glacé restent des incontournables de cette maison dont les traditions familiales restent vivaces.
Le maestro Salvatore Cacciola
Toute la banlieue nord de Tunis se souvient des glaces savoureuses de monsieur Cacciola.
C’est au Kram, à l’entrée de la ville que se trouvait la pâtisserie Cacciola dont les friandises et les glaces ainsi que les mille feuilles sont restés fameux.
Avec une recette inimitable et un sens de l’accueil inné, Salvatore Cacciola et son épouse ont désormais un parfum de légende.
Des décennies durant, ils ont régalé le Kram de leurs glaces qu’on dégustait dans un jardinet à l’ombre d’un palmier désormais légendaire.
Lorsqu’on évoque glaces, granites et sorbets, certains noms sont incontournables et valent leur pesant de nostalgie.
Portrait de Salvatore Cacciola
C’était le cas de Bébert et Pinocchio à Tunis, tous deux disparus alors qu’Alfred continue à officier à Khereddine.
Salvatore Cacciola avait 25 ans lorsque cette photographie a été prise dans un des nombreux studios de la capitale.
Le visage franc et le regard volontaire, il allait se lancer dans cette aventure de la Cacciola, l’enseigne qu’il a dirigé jusqu’au début des années 1970.
Aujourd’hui, alors que les glaces de Cacciola ne sont plus qu’un souvenir, le nom renaît grâce à l’initiative de Omar Lasram qui, fidèle au glacier sicilien, a donné le nom « La Cacciola » à son épicerie fine du Kram.
Une belle et inattendue continuité pour celui qui, à l’image de nombreux compatriotes, donnait toutes les couleurs de l’Italie à cette charmante banlieue balnéaire de Tunis.