Sur le plateau de l’émission française Estelle Midi, diffusée sur RMC, un témoignage a récemment retenu l’attention. Mathieu, citoyen français, y raconte sans détour son choix de destination pour les fêtes de fin d’année : la Tunisie.
« A Noël, je pars en Tunisie. On est à 700 euros par personne dans un club all-inclusive avec nourriture à volonté et le vol d’avion. Quand on voit qu’un repas du Nouvel An coûte 160 euros, moins cher que de rester chez moi… Je pars 4 à 5 fois par an », explique-t-il, illustrant une réalité de plus en plus marquée dans le tourisme méditerranéen.
Ce type de discours, largement relayé sur les plateaux de télévision européens, renforce l’image d’une Tunisie perçue comme un eldorado touristique à bas coût, particulièrement attractif pour les classes moyennes européennes confrontées à la flambée des prix dans leurs propres pays.
Une destination compétitive sur le plan des prix
Il faut le reconnaître : la Tunisie dispose d’atouts indéniables. Proximité géographique avec l’Europe, climat clément, infrastructures hôtelières abondantes, savoir-faire dans l’accueil touristique et une offre tarifaire difficilement concurrençable. Dans un contexte inflationniste en Europe, les formules « tout compris » proposées par les tour-opérateurs font mouche.
Pour de nombreux voyageurs, la comparaison est implacable : le coût d’un séjour d’une semaine en Tunisie peut être inférieur à celui d’un simple dîner festif dans une grande capitale européenne. Cette compétitivité contribue largement à la relance du secteur touristique et à l’augmentation des flux de visiteurs.
Mais derrière cette attractivité se cache une réalité plus nuancée. Le modèle all-inclusive, s’il garantit des taux de remplissage élevés pour les hôtels, ne profite pas pleinement à l’économie locale. Les dépenses des touristes restent majoritairement confinées à l’intérieur des complexes hôteliers, souvent contrôlés par des chaînes ou des partenaires étrangers.
Le revers du modèle all-inclusive
Résultat : peu de retombées pour les commerçants, artisans, restaurants indépendants, guides touristiques ou transports locaux. La valeur ajoutée créée sur place demeure limitée, tandis que la pression sur les ressources, l’environnement et les infrastructures locales continue de s’accentuer.
Cette logique entretient également une dépendance excessive aux tour-opérateurs internationaux, qui imposent leurs prix et compressent les marges des hôteliers tunisiens. À long terme, cela fragilise le tissu économique du secteur et limite les capacités d’investissement, d’innovation et de montée en gamme.
Plus encore, cette image de destination « bon marché » peut freiner le développement d’un tourisme à plus forte valeur ajoutée, culturel, écologique ou expérientiel, pourtant porteur de meilleures retombées économiques et sociales.
Vers un nouveau modèle touristique ?
Le témoignage de Mathieu, aussi révélateur soit-il, pose donc une question centrale : la Tunisie veut-elle rester une destination low cost pour l’Europe ou ambitionne-t-elle un tourisme plus équilibré et durable ?
Les professionnels du secteur s’accordent sur la nécessité de diversifier l’offre, d’encourager les séjours hors des hôtels, de valoriser les régions de l’intérieur et de mieux intégrer les acteurs locaux dans la chaîne de valeur touristique.
La Tunisie séduit, indéniablement. Mais pour que le tourisme devienne un véritable levier de développement, l’enjeu n’est plus seulement d’attirer des visiteurs, mais de mieux capter la richesse qu’ils génèrent.
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