Bruxelles scelle un accord historique pour mettre un terme total aux importations de gaz russe. La mesure, longuement débattue, vise à assécher l’une des principales sources de revenus de Moscou tout en accélérant la transition énergétique européenne. L’échéance est fixée à l’automne 2027, malgré les résistances de certains États membres.
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Près de quatre ans après le début de la guerre en Ukraine, eurodéputés et États membres sont parvenus à un accord interdisant toute forme d’importation de gaz russe – qu’il soit acheminé par gazoducs ou sous forme de GNL. Ursula von der Leyen a salué un « moment fondateur », assurant que l’Europe basculait vers « l’indépendance énergétique totale » vis-à-vis de Moscou.
L’échéance de l’automne 2027 résulte d’un compromis : le Parlement européen réclamait une interdiction plus rapide, quand plusieurs capitales voulaient plus de temps pour ajuster leurs systèmes d’approvisionnement.
Des ruptures de contrats encadrées
Pour le gaz transporté par gazoducs, les contrats de long terme ne pourront plus être prolongés après le 30 septembre 2027, avec une application maximale au 1er novembre 2027. Pour le GNL, la coupure des contrats longs interviendra dès le 1er janvier 2027.
Les contrats courts seront interdits dès avril 2026 pour le GNL et juin 2026 pour le gaz par gazoduc. Les entreprises pourront invoquer la « force majeure » pour justifier la rupture anticipée des engagements.
Moscou dénonce, Bruxelles assume
Le Kremlin a immédiatement réagi, accusant l’Union européenne de se « condamner » à recourir à une énergie « plus coûteuse ». Pour Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, la mesure affaiblira davantage l’équilibre économique européen.
À Bruxelles, le commissaire à l’énergie Dan Jorgensen a, au contraire, salué « la fin des manipulations et du chantage », affirmant que l’Europe « reste solidaire de l’Ukraine ».
Contourner les risques de veto
Afin d’éviter un blocage de la Hongrie et de la Slovaquie, Bruxelles a choisi la voie d’un texte législatif adopté à la majorité qualifiée, plutôt que celle de sanctions nécessitant l’unanimité.
Viktor Orban avait encore affirmé récemment qu’il continuerait d’importer des hydrocarbures russes. L’accord prévoit néanmoins une future proposition de la Commission pour mettre fin définitivement aux importations de pétrole russe en Hongrie et en Slovaquie d’ici fin 2027.
La part du gaz russe dans les importations européennes est passée de 45% en 2021 à 19% en 2024, grâce à une réduction massive des flux par gazoducs. Mais l’Europe est devenue plus dépendante du GNL, notamment américain (45% des importations) et toujours russe (20% en 2024).
En valeur totale, les importations de gaz russe représenteraient encore 15 milliards d’euros en 2025, preuve que la coupure à venir constitue un basculement stratégique majeur.
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