L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, incarcérée à la prison de la Manouba depuis le 11 mai 2024, doit comparaître ce mardi devant le tribunal dans le cadre d’une affaire l’opposant à l’administration pénitentiaire. Poursuivie dans plusieurs dossiers, elle risque au total plusieurs années de prison ferme si l’ensemble des condamnations est confirmé.
Cinq poursuites judiciaires
Figure connue du barreau et des plateaux télévisés, Sonia Dahmani fait face à cinq affaires distinctes. Trois d’entre elles ont déjà conduit à des condamnations, tandis que deux autres sont encore en cours d’instruction.
Première affaire (mai 2023) : des propos ironiques sur la situation du pays – « Hayla lebled » [le pays est formidable] – lui ont valu une condamnation à un an de prison, réduite à huit mois en appel. Peine purgée, mais un pourvoi en cassation reste en suspens.
Affaire IFM : des déclarations controversées sur l’existence de cimetières séparés selon la couleur de peau lui ont valu deux ans de prison en première instance, ramenés à 18 mois en appel en janvier 2025. Elle purge actuellement cette peine.
Affaire Carthage+ : poursuivie pour des propos similaires sur la ségrégation dans les bus, elle a été jugée le 16 juin 2025. Le verdict est en délibéré.
Le procès face à l’administration pénitentiaire
Le dossier examiné ce mardi concerne une plainte de la direction générale des prisons. En cause, des critiques formulées par Sonia Dahmani à l’antenne, dénonçant les conditions de détention en Tunisie. Une première audience s’est tenue le 24 juin 2025, et l’affaire revient aujourd’hui devant la justice.
Un cinquième dossier oppose également Sonia Dahmani à la ministre de la Justice, Leïla Jaffel.
Les soutiens de la société civile
Le cas de Sonia Dahmani a suscité une large mobilisation. Plusieurs organisations de défense des droits humains – dont la FIDH, Amnesty International, Adala for All et Intersection Association for Rights and Freedoms – dénoncent des atteintes à la liberté d’expression et demandent sa libération.
En Tunisie, des associations comme Aswat Nissa ainsi que de nombreux avocats ont exprimé leur solidarité, rappelant que ses poursuites judiciaires constituent un précédent inquiétant pour l’indépendance de la profession.
L’UGTT a, de son côté, soutenu le Barreau et condamné l’arrestation de l’avocate, considérée comme une attaque contre les libertés.
Enfin, une mobilisation numérique s’est développée sur les réseaux sociaux, avec des campagnes de soutien et des appels à la réforme du décret-loi 54.