Dans une interview à l’agence Tunisie-Afrique-Presse, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, s’est confié sur les sujets d’actualité du moment. Les priorités de la diplomatie tunisienne dans la conjoncture internationale actuelle, les relations avec les partenaires traditionnels, la migration irrégulière, les BRICS, le FMI et le rétablissement des relations avec la Syrie.
Pour le responsable en chef de la diplomatie, la politique internationale d’un pays devrait « faire consensus » et « rassembler toutes les sensibilités ». La diplomatie est « la première ligne de défense », elle a pour mission de défendre les intérêts de la Tunisie.
« Il est primordial d’expliquer la situation dans laquelle la Tunisie se trouve après la décennie écoulée. La situation est difficile sur tous les plans et les Tunisiens le savent pertinemment. Il faut porter à la connaissance des opinions publiques occidentales et à nos partenaires les tenants et aboutissants de cette situation parce ces opinions publiques ont une certaine une influence sur l’attitude de leurs responsables. C’est ce créneau là qu’il faut exploiter pour ne pas laisser les responsables des pays partenaires dire exclusivement ce qu’ils veulent. C’est pourquoi il a fallu mettre les choses au clair s’agissant des difficultés que nous avons traversées depuis 2011 avec leur lot de déceptions.
Des frustrations qui ont permis aux Tunisiens de prendre conscience de la situation critique et décider en leur âme et conscience de prendre leur destin en main et de faire valoir leurs attentes. Les attentes des Tunisiens sont on ne peut plus claires. Il va sans dire qu’on ne peut avoir, en même temps, des indicateurs socio-économiques en berne sur plus d’une décennie et une population satisfaite », explique le ministre.
Et d’ajouter : « Il n’y a pas moyen d’installer une dictature, aujourd’hui. Les Tunisiens n’attendront personne, ni aucun partenaire, pour défendre leurs libertés, s’ils considèrent qu’elles sont menacées, ils sortiront dans la rue de leur plein gré pour les défendre ».
Evoquant la question migratoire, Nabil Ammar a expliqué que l’Italie, l’Union européenne ainsi que nos partenaires étrangers savent pertinemment que la migration irrégulière dépasse les capacités d’un seul pays, notamment la Tunisie.
« D’un point de vue géographique, la Tunisie est concernée par cette question car elle se trouve sur la route migratoire de la Méditerranée, cependant elle n’est pas au centre de cette dynamique. On a insisté auprès de nos partenaires que la solution à ce problème devrait impliquer tous les pays impactés par ce phénomène », a-t-il dit.
« Certains pays (sans les nommer) refusent, à titre d’exemple, de mener des opérations de sauvetage en mer de migrants, alors que la Tunisie n’hésite pas à le faire. Si nos partenaires pouvaient mettre à notre disposition davantage de moyens, les résultats seraient plus probants. La vraie solution à court et à moyen termes, c’est la remise à flot de l’économie tunisienne », a-t-il dit.