TRIBUNE | Mariem Jlassi
[dropcap]A[/dropcap]ujourd’hui, nous sommes bien le dimanche, 8 mars 2015 à Tunis. Et comme chaque année, plusieurs articles parleront de la « souffrance des femmes, harcelées, battues, agressées, violées, tuées … » Et il l’est vrai, sans grande démonstration, que c’est bien l’homme le grand méchant de cette histoire éternelle.
Et puisque nous sommes dans un pays oĂą on adore vanter « les acquis de la femme » et exhiber ce nationalisme rituel, je propose de vous bousculer un peu, quitte Ă me faire dĂ©tester. Aujourd’hui, je propose qu’on se disloque des images et qu’on se recentre sur notre ĂŞtre. Et si pour une fois, on se disait nos vĂ©ritĂ©s ?
Et si on dépassait ces lamentations, certes légitimes mais ô combien victimaires ?
Et si les femmes arrĂŞtaient de tendre l’autre joue ? hein !
Et si la femme commençait Ă dĂ©sirer l’homme aussi violemment que ses pulsions lui inspiraient au lieu de les rĂ©primer de peur qu’on dise d’elle : « c’est une pute » ?
Et si la femme et l´homme se regardaient enfin comme un homme regarderait un homme ou comme une femme regarderait une femme, en se laissant aller au désir ou à la haine ou à l’amitié ou ce que vous voulez ; je parle bien sûr de ces choses qui lient les humains, vous savez…
Et si à l’aube, une voix féminine réveillait les pieux pour le devoir sacré ?
Et si pour le café du matin, la femme regarderait son homme le lui préparer sans se sentir « flattée » ou « reconnaissante » qu’il fasse cet « effort » ?
Et si la femme, ou les femmes, osait s’investir dans la chose publique en acceptant le jeu du pouvoir et ses coups bas pour dĂ©passer ces recours aux revendications du genre « discrimination positive » pour ĂŞtre intĂ©grĂ©e dans un gouvernement ou un parlement ?
Parce que nous le savons tous, hommes et femmes, avant de parler de discrimination, nous femmes, sommes surtout responsables de notre absence de la vie politique.
Et si Mohamed Ennaceur, prĂ©sident de l’ARP, nous Ă©pargnait ces « roses » distribuĂ©es aux dĂ©putĂ©es, car, il faut le dire, ce clichĂ© de la femme qui fend devant une rose offerte, c’est un cliché ! Du moins pour moi. Certes, certaines fissent par y croire, du conditionnement. Peut-ĂŞtre ai-je tort mais une rose ne me fait ni chaud ni froid, personnellement. Je trouve mĂŞme horrible de voir des roses arrachĂ©es de leur sol.
Et si les femmes osaient cesser d’ĂŞtre « doucement fĂ©minines » et ĂŞtre ce qu’elles sont, humainement imparfaites ?
Et si toutes ces normes sociales et ces clichés qui nous conditionnent depuis des lustres, depuis notre naissance même, changeaient pour laisser place à la nature brute et sans fard de ces individus, qui se trouvent être, en effet,  de sexe féminin ?
Et si ce prisme se dĂ©gageait pour offrir Ă l’humanitĂ© une dĂ©construction de l’image que je viens d’esquisser pour passer Ă une reconnaissance entre nous, humains …