Des dizaines de Tunisiens se sont rassemblés, ce mercredi 15 octobre devant le ministère de l’intérieur à Tunis, suite à l’appel de 27 organisations de la société civile pour dénoncer l’impunité de la torture policière en Tunisie.L’organisation de cette manifestation avec toutes ces associations est une première durant plus de trois ans après la Révolution en Tunisie. Des familles de victimes étaient présentes sur les lieux avec leurs pancartes ainsi que des personnalités politiques et militantes venues les soutenir.
Les deux derniers cas de fortes présomptions de torture dénoncées, entre autres, par l’Organisation Contre la Torture en Tunisie (OCTT), l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), « Liberté et Equité », ont été démenties par le ministre de l’Intérieur tunisien allant même jusqu’à dévoiler, bien qu’il n’en est pas le droit, les conclusions de l’autopsie d’un certain « Mohamed Ali Soussi », confondant la personne morte suite à une violence policière selon la famille, Mohamed Ali Snoussi.
Rencontrée lors du rassemblement, la militante des droit de l’Homme Radhia Nassraoui nous précise : “Nous sommes là parce que les combines de la torture continuent encore et encore. C’est pour cela que nous demandons auprès des agents de la garde nationale, de prison de changer leur façon de traiter les prisonniers. La torture est une insulte pour le citoyen.”
« Nous, Tunisiens, avons fait une révolution au nom de la dignité et la liberté et à ce jour la torture existe encore. Ce qui me désole le plus, ce sont les enfants de la classe pauvre qui sont en train de payer le prix fort, comme on rencontre dans les différentes régions Cité el Mellassine, le Kram, Hammam Lif, Rass tabia, et qu’on ne trouve pas les enfants des riches”, précise-t-elle en soulignant l’injustice sociale, même au niveau de la torture.
“C’est au tour des policiers de respecter la loi, les droits de l’homme, il n’est plus possible au 21 ème siècle d’accepter ces méthodes brutales. Il y a même certains agents qui venaient à l’organisation pour témoigner, plusieurs cas… parmi eux un agent de police à la retraite affirme que son fils est mort sous la torture dans la prison de Mornaguia, un gardien se plaint de torture et veut porter plainte, et d’autres agents dont les frères ont été torturés, indique-t-elle en mettant à l’index l’impunité dont jouit les tortionnaires jusqu’à aujourd’hui.
Mme Nasraoui nous parle de l’affaire de Nidhal Belgacem, un autre citoyen, hospitalisé plus d’un mois et demi à l’hôpital Charles Nicolle, lui aussi victime de brutalité policière. Son père, présent à la manifestation nous raconte que son fils a été arrêté pour une vente illicite d’alcool, « à cause des coups de poingsqu’il avait subi, j’ai dû l’hospitaliser dans une clinique privée et il faudrait que je paye 6 mille dinars, vous imaginez ! Je n’ai pas les moyens, » nous crie-t-il sa détresse.
Les noms des associations qui ont organisé l’événement sont :
Amnesty International AI
Association Internationale pour le Soutien des Prisonniers Politiques AISPP
Association Justice et Réhabilitation AJR
Association Al Karama
Association Tunisienne des Femmes Démocrates ATFD
Association Tunisienne des Jeunes Avocats ATJA
Association Tunisienne pour la Réinsertion des Prisonniers et le Suivi de la
situation des prisons
Conseil National des Libertés en Tunisie CNLT
Coalition Tunisienne Contre la Peine de Mort
Coordination Nationale Indépendante pour la Justice Transitionnelle
Institut Danois Contre la Torture Dignity
Réseau Doustourna Doustourna
Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme Euromed
Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme FIDH
Forum Méditerranéen de la Mémoire FMM
Freedom Without Borders
Human Rights Watch
Justice pour les Anciens Militaires INSAF
Liberté et Équité L&E
Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme LTDH
Observatoire Chahed
Organisation Contre la Torture en Tunisie OCTT
Organisation Mondiale Contre la Torture OMCT
Observatoire Tunisien des Prisonniers OTP
Organisation Tunisienne pour les Reformes Pénales et Sécuritaires OTRP
Reprieve
Réseau Tunisien pour la Justice Transitionnelle RTJT
Par Nadia Déjoui