Cette affaire d’«Attounissia » prend de l’ampleur et suscite de l’étonnement sur l’acharnement démontré par la justice sur le directeur du quotidien « Attounissia » qui a fait l’objet d’un mandat de dépôt de la part du juge d’instruction.
Emprisonner un professionnel des médias pour une photo publiée est une véritable hérésie dans un pays qui vient seulement de fêter le premier anniversaire de sa révolution qui avait pour principale revendication et slogan, la liberté.
Aujourd’hui, tous les professionnels des médias, représentés par leurs syndicats respectifs ont exprimé leur refus de voir cette première arrestation historique dans notre pays que nous n’avons jamais connu ni sous le règne de Bourguiba, ni sous le règne du président déchu. Les syndicats des journalistes, l’association des directeurs de journaux, le syndicat général de la culture et de l’information, le syndicat de la presse indépendante et des partis ainsi que l’Autorité nationale pour la réforme de l’information et de la communication viennent de dénoncer dans un communiqué conjoint l’arrestation arbitraire de M.Nasreddine Ben Saida sur la base de l’article 121 du code pénal qui se rapporte à « l’interdiction de la distribution, la mise en vente, l’exposition aux regards du public et la détention en vue de la distribution, de la vente, de l’exposition dans un but de propagande, de tracts, bulletins et papillons d’origine étrangère ou non, de nature à nuire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. »
Nous ne pouvons que nous étonner de voir comment on peut considérer que la photo publiée par le quotidien « Attounissia » a nuit à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. À ma connaissance, il n’y a eu aucune réaction sinon celle du ministère public.
Mais, et ce qui est le plus grave, c’est que la sanction prévue par le texte, qui a été ajouté au Code pénal par la loi organique du 3 mai 2001 pour restreindre davantage la liberté de la presse, est très lourde. En effet, ce texte scélérat peut entraîner, outre la saisie immédiate, opération qui n’a pas été faite, un emprisonnement qui peut s’étaler de six mois à cinq ans et une amende qui peut aller de 120d à 1.200d.
Il est urgent que tous les partis politiques ainsi que la société civile se mobilisent contre cette tentative de bâillonner la presse. Sinon, on risque d’assister au crépuscule de la liberté de l’information…