Tunisie, un Liban en devenir !

Tunisie, un Liban en devenir !
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Dans le cas où le FMI rechigne à nous accorder un quatrième plan d'aide de près de 4 milliards de dollars, comme le souhaite le gouvernement, cela enclencherait les péripéties d’un scénario catastrophe qui emmènerait le pays vers des horizons obscurs. L’accord signé entre le gouvernement et l’UGTT sur les majorations salariales, s’il a l’avantage d’annuler la grève prévue dans le secteur public ou, du moins, de la renvoyer à une date ultérieure, il rend, par contre et selon toute vraisemblance, la marge de manœuvre de Bouden quant à l’aboutissement du programme d’aide du FMI très étroite. Faut-il croire Fitch Ratings ? Aujourd’hui, les idées convergent quant aux conséquences qui découleraient de l’accord entre le gouvernement et la Centrale syndicale. Car si l’agence de notation Fitch Ratings a estimé, au lendemain de l’accord, que ce dernier lève un obstacle majeur à un programme de prêt du FMI, des observateurs nationaux se montrent moins optimistes. Le fait que le gouvernement n’a pas tenu parole quant au gel des salaires, promesse, par ailleurs, expressément écrite dans le document envoyé au FMI, et qui est une condition sine qua non à la signature du prêt, explique cette impression mesurée. Quand bien même défendables, ces deux avis restent, toutefois, suspendus à un paramètre qui reste, à l’heure qu’il est, aléatoire. Il est relatif à la part de la masse salariale de la fonction publique dans le PIB à fin 2022 ? Va-t-elle franchir le seuil, déjà critique, de 16% où enregistra-t-elle une baisse ? Pour nous situer exactement, il faudrait attendre, sans doute, la fin de 2022, voire la fin du premier trimestre 2023. D’autre part, ne s’en tenir qu’aux prévisions ne fera que susciter les aprioris. A en juger par le dernier Bulletin de conjoncture économique de la BM qui anticipe un taux de croissance en Tunisie de 2,7 % pour 2022, alors que le Fonds monétaire international table, lui, sur une croissance de 2,5%. Prévoir un plan B ! ‘‘Gouverner, c’est prévoir’’, disait l’universitaire français Philippe Naszályi. Et cela devrait interpeller au plus haut lieu nos dirigeants, surtout dans leur manière de gérer la crise, du moins dans son aspect économique. A ce titre, le gouvernement doit, d’ores et déjà, préparer un plan B au cas où il sera confronté à un refus de prêt de la part du FMI. A quelle porte va-t-il frapper pour trouver 13 milliards de dinars de besoins de financement que le Budget de l’Etat 2022 a prévus, auxquels il faudrait ajouter 3 à 4 MD de dépenses supplémentaires occasionnées par la guerre en Ukraine, suite au renchérissement des prix du blé et de pétrole. Sortir sur les marchés des capitaux internationaux ? C’est quasi impossible en l’absence d’accord du FMI. La garantie américaine ? Il faut tirer un trait ! Que nous reste-t-il ? Les pays frères ? Ceux du Golfe sont réticents, sinon ils nous auraient dépannés depuis le début de l’année. Le seul recours demeure l’Algérie qui montre, par ailleurs, beaucoup de générosité à notre égard. Ne s’est-il pas mué en intermédiaire commercial auprès d’autres pays pour que nous puissions combler, un tant soit peu, les pénuries qu’accuse le marché tunisien dans certaines matières de base ? Il nous reste, bien entendu, la planche à billet qu’il faudrait inéluctablement activer. Décriée par la communauté financière pour ces effets dévastateurs sur la valeur du dinar et les pressions qu’elle va exercer sur les liquidités des banques, cette opération s’avère la seule issue possible, même si la BCT s’est montrée réticente, par le passé, à acquiescer à la demande du gouvernement. En tous les cas, cela raviverait de nouveau le débat sur le financement direct du déficit budgétaire. Au moins, on aura matière à réflexion. Ceci dit, la conjoncture est difficile que l’accord de prêt du FMI est concrétisé ou pas. Bien entendu, notre espoir est que l’institution de Bretton Woods nous concède un nouveau programme d’aide de 4 ans, ce qui nous aidera à respirer et entrevoir une sortie de crise. Autrement, un scénario à la libanaise n’est pas à exclure.

Chahir CHAKROUN Tunis-Hebdo du 19/09/2022




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