L'Iran proteste auprès de la France contre la participation du film "Les nuits de Mashhad" au 75e Festival de Cannes

L'Iran proteste auprès de la France contre la participation du film "Les nuits de Mashhad" au 75e Festival de Cannes
Culture
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Cannes 2022L'Iran a protesté auprès de la France contre la participation du film Holy Spider/Les nuits de Mashhad au Festival de Cannes. Le film raconte l'histoire vraie d'un tueur en série ayant assassiné des prostituées dans la ville sainte de Mashhad, et qui lors de son procès avait clamé avoir voulu nettoyer les rues de Mashhad du vice.

Les nuits de Mashhad du réalisateur danois d’origine iranienne Ali Abbasi a participé à la compétition officielle longs métrages du festival, dont la 75ème édition s’est achevée la semaine dernière par une cérémonie de clôture au cours de laquelle l’actrice principale, Zahra Amir Ebrahimi, iranienne exilée et résidente en France, a remporté le prix de meilleure actrice.

Zahra Amir Ebrahimi joue le rôle d'une jeune journaliste de Téhéran, qui traque personnellement un tueur en série ayant commis 16 meurtres dont ont été victimes des prostituées à Mashhad, dans le nord-est de l'Iran. Mashhad est l'une des villes saintes chiites les plus importantes car elle abrite le mausolée de l'imam Reza, en l'honneur de Ali al-Reza, le 8e des Douze Imams du chiisme duodécimain. Dans sa quête de la vérité, la journaliste est confrontée au machisme d’une société iranienne patriarcale.

"Nous avons déposé une protestation officielle auprès du gouvernement français par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères", a déclaré le ministre de la Culture et de l'Orientation islamique Mohammad Mehdi Esmaili à la télévision d'Etat.

"Nous prendrons certainement cette question en considération dans nos échanges culturels avec des gouvernements similaires", a-t-il ajouté, sans fournir de détails supplémentaires.

L'Organisation cinématographique iranienne affiliée au ministère de la Culture a, par ailleurs, critiqué le festival pour avoir projeté le film et lui avoir octroyé un prix, affirmant que le festival avait commis un "acte biaisé et politisé en récompensant un film faux et dégoutant". Elle a estimé que Les nuits de Mashhad présente une "image sombre et déformée de la société iranienne et insulte ouvertement les croyances de millions de musulmans chiites".

Zahra Amir Ebrahimi s'était faite connaître en Iran au début des années 2000, surtout grâce à un rôle qu'elle avait joué dans la série Nargess, mais elle avait été contrainte de quitter le pays et de se réfugier en France en 2008, environ deux ans après qu'un scandale sexuel l'ait touchée.

Les nuits de Mashhad

L'affiche du film "les nuits de Mashhad" 

Les nuits de Mashhad était l'un des deux films iraniens ayant participé à la compétition officielle du Festival de Cannes, avec Leila’s brothers réalisé par Saeed Rostaee, dans lequel il raconte l'histoire d'une famille au bord de la désintégration. Leila's brothers a remporté le Prix du meilleur film du Jury FIPRESCI.

Un troisième film iranien, Tasavor (Imagine) de Ali Behrad était en compétition dans la section parallèle « La semaine de la critique ». Tasavor est un road-movie nocturne dans les rues de Téhéran, basé sur une succession de saynètes jouées par deux acteurs : l’un joue toujours le même personnage, celui d’un chauffeur de taxi, tandis que l’autre, la femme, incarne plusieurs personnages.

Le cinéma iranien a acquis une renommée internationale grâce à des personnalités telles qu'Abbas Kiarostami, qui a remporté la Palme d'or à Cannes en 1997, Mohammad Rasoulof, dont le film Un homme intègre avait remporté le Prix un Certain Regard à Cannes en 2017, et le film Le Diable n’existe pas, l’Ours d’Or à Berlin en 2020, et Asghar Farhadi, qui a remporté le Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes 2016 pour Le Client, le Grand Prix du Festival de Cannes pour Un héros (ex aequo avec Compartiment n° 6 de Juho Kuosmanen) en 2021, et deux oscars du meilleur film international, en 2012 pour Une séparation et en 2017 pour Le Client. Il a également été membre du jury du 75e festival de Cannes en 2022.

Neïla Driss

 




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