La Tunisie et la "Route de la soie" : ce n’est pas du velours !

La Tunisie et la "Route de la soie" : ce n’est pas du velours !
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La nouvelle Route de la soie, on en entend souvent parler mais peu de gens en mesurent la portée. Aussi, pour nous familiariser avec elle nous avons décidé, tout bonnement, de l’emprunter, non pas physiquement, cela va de soi, mais virtuellement. Puisse cela éclairer la lanterne de nos lecteurs sur une route, multidimensionnelle en tout point de vue.
La nouvelle route de la soie est un projet stratégique lancé en 2013 par la Chine visant à relier économiquement l’Empire du Milieu à l’Europe en intégrant les espaces d’Asie Centrale. Un axe commercial majeur… Cette route est constituée, en effet, par un vaste réseau de corridors routiers, ferroviaires, mais aussi maritimes. Et c’est à juste titre, sommes-nous tentés de dire, qu’il a été baptisé le projet du siècle. Ce programme entend, en effet, créer une nouvelle génération de comptoirs transnationaux qui permettraient à la Chine qui est, rappelons-le, en surproduction industrielle, de trouver de nouveaux marchés, notamment pour ses entreprises de bâtiments et de travaux publics. En plus de son objectif d’accroître ses exportations, la Chine vise, par ailleurs, par le biais de cette route, à diversifier ses approvisionnements énergétiques et s’extraire, autant que faire se peut, de sa dépendance vis-à-vis de la Russie et des pays du Golfe. Comme vous pouvez vous en apercevoir, cette route n’a rien de commun avec la route de la soie historique. Cette dernière, il y a de cela 2000 ans, était seulement une voie de commerce et de négoce fondée sur des produits rares et précieux. Il est à préciser que cette route, devenue le projet central dans la politique économique chinoise, reliera 68 pays regroupant 4,4 milliards d’habitants et représentant près de 40% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Excusez du peu ! Une fois achevée, cette nouvelle route de la soie pourrait redistribuer les cartes du commerce international de fond en comble à l'heure où la mondialisation de l'économie fait pencher la balance vers l'Est. Où en sommes-nous de tout cela ? La route de la soie va-t-elle passer par la Tunisie ? C’est la question qu’on se pose au vu de l’envergure de ce projet et des opportunités commerciales et financières qu’il offre. Eh bien, en consultant la carte, il est dommage qu’il n’y ait aucune trace de cette route sur le territoire tunisien. Ni par voie routière ni par voie ferroviaire, encore moins dans son versant maritime. La route maritime de la soie atteindra, certes, l’Afrique, mais uniquement du côté du littoral Est. Elle poursuit son chemin (maritime) jusqu’au Canal de Suez en passant par la mer Rouge. Puis, elle rejoint la Grèce et l’Italie. La Tunisie y est, par conséquent, exclue. Reste que la donne peut changer à tout moment au gré des alliances futures et des intérêts géostratégiques des uns et des autres. Il est à préciser que le Maroc et l’Algérie, par exemple, ont préféré, en 2021, participer au Forum Chine-Afrique plutôt qu’au Forum des ministres des Affaires étrangères de l’Union pour la Méditerranée qui coïncidait avec le premier événement. Est-il besoin de mentionner que pour concurrencer la route de la soie chinoise, l’Union européenne serait disposée à investir 3000 milliards d’euros pour réhabiliter les infrastructures de plusieurs pays africains. Mais cette initiative nous semble un peu tardive. En effet, depuis 2000, date du début de la coopération sino-africaine, les entreprises chinoises ont mis en place dans le continent noir plus de 10.000 km d’autoroutes, 1000 ponts, 100 ports, 80 centrales électriques, en plus des infrastructures médicales, écoles et installations sportives, et ont formé 160.000 spécialistes dans divers domaines. Tout cela grâce à l’apport de banques et d’institutions financières chinoises mais aussi grâce à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, à laquelle la Tunisie a, par ailleurs, adhéré ainsi qu’au Fonds de développement sino-africain.

Cette adhésion pourrait-elle ouvrir des perspectives à la Tunisie afin de faire partie de la route de la soie dans l’avenir ? Au vu de notre infrastructure routière et portuaire, force est de dire que cette route est semée d’embûches.

Chahir CHAKROUN Tunis-Hebdo du 30/05/2022




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