Tunisie : La liberté de la presse face à un péril imminent !

Tunisie : La liberté de la presse face à un péril imminent !
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Le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde, publié hier à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, a fait réagir le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et la Fédération générale de l'Information. La Tunisie ayant enregistré une forte régression, dans ce classement de 2022, passant de la 73e à la 94e position, sur 180 pays, le SNJT a imputé la régression de la Tunisie "au pouvoir en place et à sa tête le président de la République, Kaïs Saïed". Il a souligné, dans un communiqué publié, dans la soirée de mardi 3 mai, que "la liberté de la presse et d'expression en Tunisie font face à un danger imminent", évoquant de "graves défis auxquels est confrontée la profession suite aux mesures exceptionnelles" et affirmant que la situation "est devenue un réel danger pour les libertés en général, et la liberté de la presse et d'expression en particulier". Il prévient que la régression du classement de la Tunisie "résulte de la baisse des indicateurs de la liberté de la presse, la fréquence élevée des violations contre les journalistes, des procès et des arrestations, la poursuite des comparutions des civils devant la justice militaire, le manque de communication du pouvoir en place et l'atteinte au droit des citoyens à l'information et à connaître le sort de leur pays". Le SNJT appelle les journalistes, les photojournalistes, les médias et toutes les forces vives du pays à "se solidariser pour défendre la liberté de la presse et d'expression", réaffirmant sa "disposition à s'engager dans toutes les formes de lutte pour défendre les droits matériels et moraux des journalistes, la liberté de la presse, le pluralisme, les droits et les libertés dans le pays". La Fédération de l'Information avertit De son côté, la Fédération générale de l'Information relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a mis en garde, contre "les menaces à la liberté de la presse en Tunisie", soulignant que "la liberté d'expression est un acquis national consacré par la Révolution". Dans un communiqué, la Fédération dénonce "une situation exceptionnelle en Tunisie", avec une "régression des droits matériels et sociaux dans les médias, l'absence de négociations sociales, le refus du gouvernement, notamment le responsable du dossier des médias, de traiter les dossiers qui concernent le secteur et l'absence d'une véritable stratégie en matière de droits des journalistes". Elle réaffirme son rejet total de "toute violation de la liberté d'expression et les procès de journalistes pour leurs écrits et leurs opinions", appelant le pouvoir en place à "empêcher le ciblage des professionnels des médias et des institutions médiatiques (...)". La Fédération générale de l'Information réitère son appel à mettre fin à la gestion temporaire de certaines institutions médiatiques publiques et d'accélérer leur réforme. Elle prévient contre les "nominations partisanes, par loyauté ou clientélisme, et qui n'impliquent pas les structures professionnelles, à la tête de ces établissements". Elle exprime par ailleurs sont son rejet de certaines pratiques qui "créent une atmosphère tendue et rappellent l'époque de la dictature, à l'heure où se multiplient les hostilités envers les médias ". Elle affirme qu'elle fera face à toutes les tentatives de soumettre la presse et d'atteindre les libertés, annonçant que la presse écrite lancera prochainement une série de mouvements pour revendiquer des augmentations salariales. 214 dépassements contre des journalistes A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le SNJT a également diffusé un spot avec des témoignages de journalistes qui ont subi des dépassements de la part des autorités pour le simple fait d'avoir fait leur travail. Le spot continent aussi un rapport sur les dépassements commis contre les journalistes durant toute une année. En une année, les journalistes tunisiens ont été victimes de 17 poursuites judiciaires, de 105 dépassements concernant le droit à l'accès à l'information, 27 ont été agressés physiquement, 26 ont été victimes d'incitations à la haine, 12 victimes de détention abusive, trois de harcèlement sexuel, 20 ont été agressés verbalement et 64 ont été agressés par les forces de l'ordre. Il s'agit de l'année la plus difficile pour les journalistes depuis cinq ans, a noté le rapport. La Tunisie perd 21 places Selon le classement de Reporters sans frontières, la Tunisie a reculé de 21 places au classement mondial de la liberté de la presse pour l'année 2022, passant de la 73e à la 94e place sur 180 pays. Pour RSF, les raisons de la chute de la Tunisie au classement mondial tiennent aux mesures exceptionnelles annoncées par le président Saïed depuis le 25 juillet 2021, estimant que la législation réglementant le secteur "reste incomplète et n'assure qu'une protection minimale pour les journalistes et les médias". Le classement mondial de la liberté de la presse élaboré par RSF s'est appuyé sur de nouveaux indicateurs : le contexte politique, le cadre législatif, le contexte économique, le contexte socioculturel et le contexte sécuritaire.



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