Dettes, inflation, chômage... La Tunisie ne peut se permettre d’attendre

Dettes, inflation, chômage... La Tunisie ne peut se permettre d’attendre
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Tribune : Par Amine Ben Gamra, Expert comptable et Commissaire aux comptes
Plus de 60% de la dette extérieure de la Tunisie est libellée en devises. Le total des dettes de l’Etat s’élèvent à 19.983 MTND (12.652 MTND de dettes extérieures et 7331 MTND de dettes intérieures). Plus le dinar tunisien (DT) s’affaiblit, plus la dette augmente. Le cercle vicieux de l’inflation croissante alimentant un DT plus faible a un impact sur le niveau de la dette et est inéluctable. L’absence d’action rapide accentuerait la pression sur la Banque Centrale de Tunisie (BCT), car la combinaison de taux d’intérêt élevés, d’une faible croissance du PIB, d’un taux de chômage élevé et d’une dette publique croissante est insoutenable. D’où l’impatience exprimée récemment par la BCT face à la lenteur des négociations avec le FMI. L’Union Européenne et la France, partenaires commerciaux essentiels et sources de nombreux investissements industriels, sont désemparés. Ils sont à la recherche des financements pour sponsoriser la réponse énergétique et militaire aux conséquences de la guerre en Ukraine. Il s'agit tout d'abord de réduire la dépendance européenne vis-à-vis du gaz (40% des ressources) et du pétrole (25%) russes. Aussi, les Etats, qui avaient globalement réduit leurs dépenses en matière de défense après la chute du mur de Berlin, vont aussi devoir se rééquiper et se moderniser à marche forcée. Sur l'ensemble du Vieux Continent, les budgets consacrés à l'armée devraient en moyenne augmenter de 25%. Dans ces conditions, les turbulences en Tunisie, alors que le pays ne parvient pas à se réformer et tombe dans une pauvreté encore plus grande, ne feraient qu’accélérer le rétrécissement stratégique déjà évident dans les relations entre l’UE et les pays du Maghreb voir même de l’Afrique. Surtout que l’UE et la France, sans doute l’acteur clé en Afrique du Nord, n’ont pas réussi à coordonner leurs réponses aux crises interdépendantes du Mali à la Libye. Notre pays aurait pu être dans une situation économique favorable, si les réformes économiques désespérément nécessaires que les gouvernements et présidents successifs avaient promis au FMI, à l’UE et aux gouvernements occidentaux s'étaient concrétisées. Ce n’est malheureusement pas le cas. Mais comment réussir la mise en œuvre des réformes alors que l’UE, le FMI, la Banque Mondiale et d’autres donateurs d’aide occidentaux sont complices et se montraient indulgents avec des gouvernements auxquels ils prêtent de l’argent en ignorant la corruption rampante, l’évasion fiscale et la fuite des capitaux qu’ils laissaient gangrener l’économie du pays.



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