Djerba, une île qui fait toujours rêver !

Djerba, une île qui fait toujours rêver !
National
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Une récente escapade sur l’île de Djerba nous a redonné un peu de baume au cœur dans la mesure où il existe, encore en Tunisie, un petit coin de paradis qui a conservé l’arôme d’un « bon vieux temps » révolu dans les villes du continent. Reportage :
Lundi 22 mars 2021, il est 18h00. Après un trajet de huit heures (Tunis-Djerba) à bord d’un bus de la STCI, nous débarquons sur l’île des Rêves, à Houmt Souk, plus précisément. Quelques gouttes de pluies se mettent à tomber, imbibant une terre aride que la providence oublie trop souvent. Des nuages dans la nuit noire, puis, dès le lendemain, le soleil reprend le flambeau. Chez les Amazigh Notre périple commence dans le petit village amazigh de Wersighen, à 4 kilomètres au nord de Guellala, ville célèbre pour ses poteries et son splendide musée ethnographique. Ici, c'est la campagne ! Ni centres commerciaux, ni restaurants. Pas d'administrations ou de services publics. Il n'y a que de modestes "houch" (habitation traditionnelle) et des champs d'oliviers à perte de vue. Deux épiceries, deux mosquées et une école primaire complètent le panorama. Les femmes sortent vêtues de leur fameux "rdè" (sorte de safsari) et les hommes arborent fièrement leur "cadroun" (blouse en laine). La "mdhalla" (chapeau de paille) est de rigueur pour les deux sexes. Entre deux phrases en "chelha" (langue amazigh), on relève deux mots d'arabe. Dépaysement total dans un silence de cathédrale. On entend le chevrotement des chèvres et le "salam alikom" des passants. Un scooter au loin se rend à Sedouikech, l'autre village amazigh où le souk du mardi longe la route principale. C'est la sortie de la semaine pour ces Djerbiens du rif. On y trouve des fruits et légumes émanant des quatre coins du pays, mais aussi des ustensiles de cuisine, des outils de bricolage et tout un tas de matos à des prix imbattables en provenance de Libye ; Djerba étant devenue l'un des premiers clients de la contrebande du pays. Pourquoi ? Parce que l'île est abandonnée, délaissée par un Etat qui ne semble se soucier que de la capitale et de sa périphérie. Triste constat...Bord de mer Nous nous dirigeons, à présent, vers la "zone", comme disent les indigènes. Comprenez Midoun et sa zone touristique. Un petit détour par la plage de la "Séguya", où la mer scintille sous un ciel d'azur, et nous voilà du côté des hôtels cinq étoiles de luxe sans la moindre tête blonde à l'horizon. Tandis qu'un soleil implacable pourfend le sol de ses rayons, aucun touriste étranger ne se dore la pilule. Pourtant, le paysage est sublime et la région ne demande qu'à s'animer. Sur la route qui mène à Houmt Souk, des camions poids lourd font le va-et-vient entre le continent et les terres insulaires. Une simple route à une voie permet de relier l'aéroport, situé à Mellita, à la Kantra (pont romain) reliant Djerba à Zarzis. Fait marquant, il n'y a aucun feu de signalisation ! Des ronds-points et quelques panneaux de sens interdit dictent la conduite à suivre. A l'entrée de Houmt Souk, un embouteillage monstre ! Des voitures affluent de tous les coins de rue. La ville est obstruée. Bien trop petite pour contenir un tel flux. D'ici cinq ans, il ne sera plus possible de circuler dans l'île si des travaux d'élargissement des routes ne sont pas entrepris. On arrive, tout de même, à garer la voiture et à se faufiler à l'intérieur de la Médina. Toujours pas de touristes ! Des "Jraba" (Djerbiens), des "Twenssa" (les Tunisiens du continent) et un sacré contingent de Libyens. La ville est charmante, toute blanche et plutôt propre, malgré un manque de moyens flagrant dans tous les domaines.Patrimoine méconnu On sent qu'ils aiment leur île ces Djerbiens ! A chaque rencontre, un sourire et à chaque sourire, un contrat de confiance. Que l'on soit du pays ou d'ailleurs, Djerba vous donne l'impression que rien ne peut vous arriver de fâcheux. Peut-être parce que tout le monde connaît tout le monde... Houmt Souk n'a pas fini de nous livrer ses secrets que nous arrivons, maintenant, à la Hara, le patelin des Djerbiens de confession juive. On y découvre, alors, Djerbahood, un projet artistique consistant en de magnifiques dessins sur les murs d'anciennes habitations transformées en de délicieuses maisons d'hôte. Idéal pour décompresser ! Un petit verre de "légmi" (nectar de dattes) du côté du mausolée suspendu de Sidi Jmour, puis en route vers le "Jemaâ Louta" de Sedouikech. Cette mosquée souterraine si atypique sert de lieu de culte aux ibadites, des musulmans prônant un islam pacifique et dénué d'intentions belliqueuses. Le "Jemaâ" est, entièrement, peint en blanc en référence à Abd Allah ben Ibâd, le fondateur de l'ibadisme et dont le nom signifie "blanc" en arabe. A l'intérieur de la mosquée, une simple pièce vide et fraîche où l'on peut lire, sur les murs, les vœux pieux d'occasionnels visiteurs. Nous concluons ce périple par le coucher de soleil d'Ajim, un moment à ne pas manquer ! Nous aurions aimé poursuivre le séjour pour aller visiter le ksar de Ben Ayed, Ras Rmal (l'île des flamants roses), le légendaire Borj el Guestil et tous les autres villages qui font de Djerba une fierté nationale. Ça y est ! Les klaxons de la STCI nous rappellent à l’ordre !

Mohamed Habib LADJIMI Tunis-Hebdo du 05/04/2021




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