"Quelle école pour demain ?" Un laboratoire d'idées pour la réforme

"Quelle école pour demain ?" Un laboratoire d'idées pour la réforme
National
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Tribune | Par Samia Sehili Dans cette contribution, Samia Sehili élabore une synthèse des travaux du Think Tank "Quelle école pour demain ?" dont les travaux se sont déroulés cet été. Quelles sont les lignes de force et les points de rupture dans le projet scolaire tunisien ? L'auteure répond à cette question en passant en revue l'histoire de l'institution éducative et les questions discutées au cours des débats du Think Tank. Ce débriefing ouvre de belles perspectives pour la réflexion. "On ne peut se poser des questions sur la situation de l’école aujourd’hui sans interroger le passé. L’institution scolaire va mal depuis longtemps, elle est caduque parce qu’inerte, sclérosée et donc malade. Nos enfants la subissent souvent et n’en sortent victorieux que ceux que la nature gâte ou que la détermination récompense. C’est peu pour une institution républicaine. Est-ce une fatalité ? L’inertie serait-elle inscrite dans les gènes de l’institution scolaire ? Sûrement pas. C’est affaire de politique. Bourguiba a eu un vrai programme de redressement tous azimuts et l’école en faisait partie prioritairement. Parce que Bourguiba était un enfant de l’école et parce qu’il y croyait. Multiplication des écoles, implication de la femme, enseignement obligatoire. Les vingt Glorieuses, comme je les appelle dans mes écrits, 55-75, période de construction de la jeune République tunisienne furent un vrai chantier : une vraie promotion de l’école mais pas assez, d’autant que ce qui s’ensuivit ne fut pas marquant. Ben Ali fut le promoteur du modèle moyen en tout. Modèle sociétal moyen, voiture populaire, école moyenne, bac au rabais. L’inertie réformatrice complète et le statu quo des dictatures. Le confort de Ben Ali, qui n’a jamais été un enfant de l’école mais qui a sûrement été un bon technicien, se situe dans une zone toujours intermédiaire moyenne autant dire médiocre sans perspectives dynamiques. La remise de 25% au bac en est la preuve édifiante avec toutes les dérives qu’on peut aisément imaginer. Ladite révolution de 2011, qui a fait pschitt, a fait place à un chaos dans tous domaines. L’école n’est pas inscrite dans la priorité des politiques, elle est en perte de vitesse et la réforme systémique urgente n’est pas du tout à l’ordre du jour. Notre Think Tank : "Quelle école pour demain ?" s’est déroulé de juillet à octobre à la station d’art de La Marsa. Notre objectif principal était de repenser l’école en profondeur, de s’arrêter sur ses dysfonctionnements, de proposer une réforme du système et de mettre urgemment à l’ordre du jour tout l’intérêt des pédagogies innovantes. L’idée d’un laboratoire d’idées est mon dada depuis un bon moment parce que convaincue que rien ne peut prétendre à une meilleure santé des choses sans une réflexion appuyée au préalable. C’était aussi ma responsabilité professionnelle mais rien ne put être mené sur terrain pour diverses raisons liées à la situation générale du pays. Mme Saloua Guiga, Mme Mounira Youssef, M. Slim Kacem, Mme Myriam Ghoul Balma et moi-même, tous éducateurs, pédagogues, experts avons réfléchi sur bon nombre de questions dont, à titre d’exemples, les pédagogies nouvelles, le plurilinguisme, les pédagogies différenciées, la réforme systémique de l’institution éducative, l’enseignement de la philosophie adaptée aux enfants, l’intérêt de la dimension empathique dans l’enseignement… Et nous convînmes que sans réforme complète de l’institution scolaire, les choses ont peu de chance d’évoluer. Notre Think Tank est un lieu d’échanges, d’idées, de stratégies de re-fondement ouvert à tous les éducateurs engagés, désireux d’agir sur leur pays. Pour l’instant, des ONG le suivent avec intérêt et nous formulons le souhait de pouvoir en faire profiter l’institution-mère qui est la nôtre et dont nous estimons être - du moins pour certains – les déçus mais aussi les bénévoles prompts à agir."



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