Emna Chargui, la jeune internaute, accusée d’avoir partagée sur Facebook une sourate coranique détournée devait comparaître ce jeudi 28 mai 2020, devant le tribunal de première instance de Tunis. Elle est poursuivie pour « atteinte au sacré et aux bonnes mœurs » mais son audience a été reportée.
La justice a en effet, décidé jeudi de reporter l’audience alors qu’Emna Chargui s’est présentée en état de liberté devant la Cour correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis. L’affaire n’a pas été ouverte, le juge ayant décidé de reporter l’audience mais sans fixer de date, a indiqué à l’AFP l’avocate de l’accusée, Inès Trabelsi.
« La poursuite d’Emna Chargui est une illustration de la manière (…) dont les autorités continuent d’utiliser des lois répressives pour saper la liberté d’expression », avait déclaré, hier Emna Guellali, responsable d’Amnesty international.
Cette étudiante, poursuivie en état de liberté, risque « une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans simplement pour avoir partagé un message satirique sur Facebook », a déploré Emna Guellali. Selon Amnesty, « un tel procès envoie le message que toute personne osant exprimer une opinion controversée sur les réseaux sociaux risque d’être punie ».
Au tribunal, Emna Chargui a pu compter sur des soutiens, une vingtaine de manifestants, des militants pour la défense des droits humains, s’étant rassemblés pour soutenir l’internaute.
La jeune fille a déjà été entendue par un enquêteur et a été déférée devant le ministère public. Une convocation qui avait d’ailleurs suscité de nombreuses réactions. L’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat, s’est indigné de constater qu’Emna Chargui ait pu être déférée devant le parquet pour atteinte au sacré et incitation à la violence alors qu’aucune poursuite n’a été engagée contre ceux qui ont proféré contre elle des menaces de mort.
Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) est allé plus loin en qualifiant la garde à vue de la jeune fille de « scandale d’Etat » ajoutant au passage que cette affaire est un signe dangereux du retour de la politique de la répression et que le gouvernement de Fakhfakh reste soumis au Conseil de la Choura d’Ennahdha ».