A votre santé !

A votre santé !
Tunis-Hebdo
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La présidence du gouvernement a organisé la semaine écoulée un grand débat sur la situation de la santé en Tunisie, débat, qui, par ailleurs, n’a pas fait de carton, tant l’affligeante mort de quinze bébés dans la maternité de la Rabta a dessillé les yeux des Tunisiens, les plus crédules, mettant au grand jour la dure réalité d’un secteur moribond. Ce débat n’a quasiment enthousiasmé personne pour la simple raison qu’il relevait plus du show médiatique à la Macron, qui excelle dans le genre. Et puis, le choc reçu de plein fouet par les Tunisiens a eu raison de leurs dernières illusions. Ils n’ont plus le cœur à adhérer à ces joutes creuses qui ne mènent nulle part et qui, de toute façon, se consumeront, dans quelques jours comme un feu de paille. Cela dit, ce débat se voulait «rassembleur» entendez que les personnes et personnalités conviées appartiennent à tous les corps représentatifs du secteur de la santé. Ils étaient près de 400 entre professionnels et intervenants à garnir la grande salle de spectacle de la Cité de la Culture. C’était, en fait, un spectacle, avec à la baguette le Chef du gouvernement lui-même qui a promis que toutes les solutions proposées dans le débat feront l’objet d’un conseil ministériel, pas plus tard que ce mercredi. Chapitre constats, Chahed a souligné que le secteur de la santé se dégrade de plus en plus, depuis ce qu’il a appelé «la crise économique» qui secoue le pays depuis 2011. Il a précisé, dans ce contexte, que pas moins de 4000 départs de professionnels de la santé, principalement des médecins, ont été enregistrés entre 2017 et 2018. Les participants au débat ont insisté sur la nécessité de réactiver au plus vite le «Fonds d’appui à la santé publique» annoncé depuis 2016 et resté lettre morte. Ce fonds est théoriquement appelé à prendre en charge les frais des prestations hospitalières pour les détenteurs de carnets de soins gratuits et les bénéficiaires des cartes à tarif réduit. En ce qui concerne le financement de ce fonds, chacun y est allé de sa petite idée, mais toutes versent dans la même logique : gratter des taxes par-ci, des taxes par-là, alourdir encore les charges et les impôts que casque le contribuable si ce n’est de mettre employeurs et patronat à profit et leur soutirer quelques sous pour la bonne cause. Le président de la commission parlementaire de la santé a même proposé des taxes supplémentaires sur le tabac, les boissons gazeuses (et dans le même sillage l’alcool, peut-être) pour alimenter ledit fonds. Au-delà de ces interventions, les chiffres ne sont pas parus du tout surprenants, ils sont dans la logique même et qu’il y ait pas moins d’un million de Tunisiens qui ne bénéficient pas de couverture sociale, cela ne fera tomber personne à la renverse. Mais, dans tout cela, les véritables problèmes du secteur ont été comme occultés sciemment. Des tabous dont on ne veut aucunement parler : les mafias des médicaments, la mainmise des syndicats sur les hôpitaux, la migration des médecins vers le privé ou à l’étranger, en plus de l’absence totale de sécurité dans les hôpitaux, le sous-effectif, les conditions désastreuses dans lesquelles on accueille et soigne les malades. Et derrière ce décor peu enchanteur, les lobbies qui tirent les ficelles à coups de corruption, détournements et autres malversations de gros calibres. Un fonds, messieurs, n’est pas une solution puisqu’il ira tout droit engraisser les crapules qui devraient avoir la mort de quinze nourrissons sur la conscience. Encore faut-il qu’ils en aient une !

Imed BEN HAMIDA Tunis-Hebdo du 25/03/2019




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