Retrouver une crédibilité

Retrouver une crédibilité
Tunis-Hebdo
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Le processus électoral semble se mettre en branle après la résolution de la crise qui a frappé l’ISIE après l’élection de trois membres, venus suppléer ceux dont le mandat s’est achevé, et l’intronisation à sa tête d’un nouveau président venu succéder au démissionnaire du poste, Mohamed Tlili Mansri. Car, il n’était guère envisageable, ni possible, de déclencher ce processus sans la désignation de celui qui détient les attributions exécutives du bureau directeur de l’ISIE et sans lequel elle serait totalement immobilisée et, donc, dans l’incapacité, notamment financière et administrative, de fonctionner. Cette soudaine « prise de conscience » des composantes de l’ARP, quoique salutaire pour l’ISIE, appelle deux observations. En premier lieu, il apparaît que la plupart des tendances représentées au sein de l’ARP peuvent trouver un terrain d’entente lorsque la nécessité les y oblige ou plutôt lorsque leurs intérêts convergent. Etant toutes concernées par la tenue des élections aux échéances prévues, elles ont été unanimes quant à leur adoption d’une attitude commune. Et comme par miracle, le consensus a été trouvé autour des trois nouveaux membres de l’ISIE et du président. En deuxième lieu, Nabil Baffoun, malheureux candidat à la présidence de l’ISIE depuis la démission de Chafik Sarsar, a vu son « obstination » récompensée ! Il était même devenu le candidat unique au poste, notamment des Islamistes, qui avaient exigé que les nouveaux membres élus s’abstiennent de se présenter au poste de président. Même la candidature-surprise de Farouk Bouasker n’a point changé la donne et Baffoun a pu exaucer son rêve. Maintenant que l’ISIE a comblé ses structures exécutives, il s’agit de s’interroger sur sa capacité à maintenir le cap, c’est-à-dire d’assurer son indépendance fonctionnelle par rapport aux partis politiques et tous ceux qui souhaitent la mettre sous leur coupe. Pour quels desseins, sinon de fausser le jeu électoral et gagner ainsi les élections même au prix de quelques entorses sur lesquelles l’ISIE, son président et ses membres, pourraient fermer les yeux !? Nabil Baffoun promet la transparence et, par conséquent, la sincérité des résultats. On veut bien le croire, et à ce sujet, on peut avancer au moins trois remarques. D’abord, l’ISIE doit regagner une image de marque sérieusement altérée auprès de l’opinion publique après la crise qui l’a secouée depuis le départ de Chafik Sarsar. Les soupçons de mainmise qui planent sur elle et l’influence, voire l’emprise sur certains de ses membres sont autant de craintes sur la stricte neutralité qui doit guider son action et son fonctionnement. En fait, l’ISIE doit regagner une crédibilité qu’elle avait su gagner lors des échéances électorales de 2011 ou de 2014. Ensuite, elle doit jouer son rôle de la meilleure façon possible pour contribuer à la réussite des prochaines élections tant sur le plan de la participation des citoyens que sur le plan de leur organisation et de leur probité. Elle est appelée, dans ce sens, à relancer les enregistrements des électeurs et, ensuite, à inciter les citoyens d’aller aux urnes par une action de sensibilisation de grande envergure. Enfin, Nabil Baffoun, son président, doit être guidé dans son action uniquement par la réussite de son bref passage à ce poste puisqu’il figure parmi les membres dont le mandat au sein de l’ISIE s’achève l’année prochaine. Cela le met, plutôt, dans une situation confortable dans la mesure où le seul enjeu personnel qui s’offre à lui consiste à réussir dans sa tâche tout en se libérant de tous ceux qui seraient tentés de l’instrumentaliser. Il devrait avoir ainsi les coudées franches pour garantir des élections propres et sincères, conformes aux standards démocratiques. La société civile, qu’il a promis de solliciter, pourrait être d’un précieux apport pour la réussite des échéances électorales.

Lotfi LARGUET Tunis-Hebdo du 04/02/2019




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