"Flations" économiques !

"Flations" économiques !
Tunis-Hebdo
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Depuis le 14 janvier 2011, l’économie tunisienne vit et se nourrit décidément de « flations ». Des « flations » à en veux-tu en voilà. Jugez-en : inflation, stagflation, hyperinflation, déflation, insufflation, désinflation, etc. Le plus impressionnant dans cette variété de « flations », c’est qu’elles arrivent toutes à cohabiter simultanément malgré le fait que l’une est aux antipodes de l’autre. Comment notre économie a-t-elle pu tenir le coup avec autant de « flations » opposées ? C’est simple : comme en politique, notre économie a fait de la cohabitation sa devise en mariant des « flations » que tout, pourtant, oppose à l’origine. Je vous donne un exemple de « flations » qui cohabitent ensemble depuis, bientôt, huit ans et que rien n’est venu déranger l’entente. Il s’agit de l’inflation et de la déflation. Deux concepts économiques qui, pourtant, ne sont pas sensés se croiser mais qui, réellement, ont cohabité durablement. L’exemple des œufs, qui font polémique ces derniers temps, en est l’illustration. Si côté consommateur, on dénonce l’inflation des prix des œufs pratiqués par les commerçants, côté producteur, par contre, on dénonce, la déflation qui, selon eux, pourrait à échéance entraîner leur ruine. Comme en politique, le gouvernement a trouvé la parade : il a fait cohabiter à la fois l’inflation et la déflation. Tantôt en cassant les prix pour faire amende honorable auprès des consommateurs, tantôt en cassant des œufs pour bénéficier de la confiance des importateurs. Mais comment le gouvernement peut-il choisir une telle option alors que la BCT se plaint de ne pas avoir assez de réserves de change ? La solution est, encore une fois, dans la cohabitation des « flations ». Actuellement, nous avons une inflation monétaire majeure combinée à une inflation des actifs. Le dinar s’en est, par conséquent, lourdement ressenti. Et comme le gouvernement est imbu des cohabitations, il a décidé de passer au régime de change flottant pour ne pas laisser le dinar navigue à vue. Résultat : de « flation », nous sommes passés à fellation !

Chahir CHAKROUN Tunis-Hebdo 07/01/2019




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