Le simulacre de Carthage

Le simulacre de Carthage
Tunis-Hebdo
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La détérioration de la situation sociale et économique et l’impuissance du gouvernement et de la majorité parlementaire à la juguler ont donné au président Beji Caid Essebsi l’occasion de confirmer son retour au premier plan et de se poser de nouveau comme l’ultime recours pour la sauvegarde de la stabilité et de la sécurité du pays. Sa convocation en extrême urgence des principaux protagonistes socio-économiques (UGTT et UTICA) du Chef du gouvernement et de ses alliés politiques (Ennahdha, sa nouvelle coalition parlementaire et Machrou’u Tounès) devait avoir pour principal objectif l’esquisse d’éventuelles solutions afin d’alléger la tension qui prévaut actuellement dans le pays et de dessiner de possibles issues à la crise. Le Chef de l’Etat a fait deux constats amers. D’abord, il a relevé que sur le plan économique, le gouvernement n’est pas parvenu à trouver la parade pour redresser la barre ou, au moins, l’enrayer. Sur le plan social, la situation est inquiétante avec une grève générale qui pointe à l’horizon et des manifestations qui risquent de prendre chaque jour une tournure encore plus violente.Ensuite, il a fait assumer la responsabilité politique de cette situation à la majorité parlementaire et à Y.C. A notre avis, BCE a réussi d’une pierre plusieurs coups. D’abord, il a sorti les Islamistes de leur position et de l’image d’irresponsabilité politique qu’ils essayent d’entretenir au sein de l’opinion publique, eux qui gouvernent tout en refusant d’en assumer les conséquences. En deuxième lieu, il a tancé la majorité parlementaire dans son ensemble, visant surtout son ancien disciple Mohsen Marzouk et la coalition « chahidienne », incapable jusque-là de concrétiser une politique claire (par exemple son échec cuisant à faire passer la nouvelle loi sur les retraites avec, pourtant, une majorité très confortable). Enfin, il a donné une impression réductrice du Chef du gouvernement, un jeune sans aucune expérience politique dans la mesure où il ne semble pas mesurer les graves dangers d’une grève générale. Si le Chef de l’Etat marque des points sur le plan politique vis-à-vis de ceux qui sont, désormais, les adversaires à abattre, du moins à affaiblir, (Y.C et Ennahdha), la réunion n’a pas, en revanche, permis de sortir avec des prémices de solutions pour le pays. En fait, elle s’est limitée à confirmer la tenue d’une nouvelle réunion entre le gouvernement et l’UGTT pour tenter de trouver un compromis sur les salaires au sein de la fonction publique. Elle n’a été, finalement, qu’un nouvel épisode des tiraillements qui continuent d’empoisonner la vie politique et une nouvelle preuve de l’incapacité des décideurs actuels d’imaginer des solutions salutaires. C’est tout le mal dont souffre notre pays en ce tout début d’une année qui s’annonce très chaude à bien des égards…

Lotfi LARGUET Tunis-Hebdo du 31/12/2018




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