Une question de lucidité ?

Une question de lucidité ?
Tunis-Hebdo
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Les relations entre Youssef Chahed et l’UGTT ont rarement été sereines malgré la présence au sein du gouvernement de ministres ayant un passé syndicaliste (Mohamed Trabelsi, Abid Briki, ce dernier ayant jeté le tablier après une courte expérience) ou connu pour être proche de la Centrale syndicale (Samir Taieb). Il faut dire que le défaut d’exécution des termes du Pacte de Carthage dans sa première version ainsi que les manœuvres dilatoires du gouvernement sur diverses questions semblent avoir provoqué l’ire des responsables syndicaux dans la mesure où les négociations entre les deux parties n’ont pas connu d’avancées réelles. Depuis, l’UGTT, tout comme l’UTICA ainsi que plusieurs partis politiques, s’était joint à l’appel du Chef de l’Etat en prenant part aux travaux de la commission qui fut chargée de l’élaboration de la deuxième version du Pacte de Carthage avant l’avènement de la pomme de discorde qui a fait capoter ce « projet », le point 64 qui faisait du départ de Youssef Chahed et de son gouvernement une condition obligatoire. L’UGTT, excédée par la dégradation de la situation sociale et économique, s’est retrouvée objectivement aux côtés des parties hostiles à Youssef Chahed. La tension entre les deux parties a atteint les sommets d’autant plus que la Centrale syndicale est devenue même l’adversaire le plus virulent de l’équipe gouvernementale. Celle-ci ne semble pas être restée les mains croisées dans son conflit avec l’UGTT d’autant qu’elle n’a pas réagi aux campagnes de dénigrement (suscitées ou fortuites !?) contre les positions présentées comme extrémistes des dirigeants syndicaux, soit dans les médias, soit sur les réseaux sociaux. Cette guerre larvée entre les deux parties paraît prendre une nouvelle dimension dans la mesure où la récente rencontre entre Youssef Chahed et Noureddine Taboubi ne semble pas avoir permis de surmonter les obstacles. Car, les questions relatives aux négociations dans la fonction publique et le secteur public ou d’autres dossiers brûlants (les entreprises publiques ou les caisses sociales) n’ont ni été réglées, ni avaient fait au moins l’objet d’un accord de principe pour les résoudre ensemble. D’ailleurs et à l’optimisme de façade exprimé par le gouvernement, l’UGTT a riposté par le maintien de sa revendication se rapportant au départ de Youssef Chahed et de son équipe. Le conflit risque de prendre une autre tournure après les décisions de la Commission administrative nationale de l’UGTT qui a annoncé deux grèves générales. La première concerne le secteur public programmée pour le 24 octobre et la deuxième touchera la fonction publique prévue le 22 novembre prochain. Dans ce conflit, Youssef Chahed pourra, peut-être, compter sur l’appui de son nouveau groupe parlementaire, mais surtout sur Ennahdha. Les Islamistes continuent de défendre leur position relative à la stabilité gouvernementale et à encourager la réalisation des grandes réformes pour ne pas en subir directement la responsabilité. Entre-temps, la grogne sociale enfle !

Lotfi LARGUET Tunis-Hebdo du 24/09/2018




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