Ne pas savoir tenir sa langue !

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Tunis-Hebdo
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Lors de la création de l'armée nationale, le 30 juin 1956, au lendemain de l'indépendance, Bourguiba a tenu à superviser lui-même le recrutement de ses officiers supérieurs ou l'importance du poste qu'ils vont occuper par crainte, presque maladive, des putschs qui sévissaient à l'époque aussi bien en Amérique latine qu'au Proche-Orient. C'est, ainsi, qu'il fit appel à des cadres tunisiens formés au sein de l'armée française, y compris le commandant Kefi, un authentique patriote que j'ai connu personnellement. Il avait servi, au préalable, en Indochine. A sa mort, son cercueil a été placé sur un fût de canon et tracté jusqu'au cimetière de Sousse. C'était un hommage mérité quoiqu'il le devait uniquement à la reconnaissance de son gendre Zine el Abidine Ben Ali. Ce dernier, en épousant sa fille Naïma, a bénéficié, grâce au général Kefi, alors chef d'Etat-Major de l'Armée de terre, de grandes promotions à tel point que notre fuyard n'a jamais quitté le 4ème bureau, celui des renseignements sis à la Kasbah, sa vie militaire durant, jusqu'à sa nomination au ministère de l'Intérieur, en tant que directeur de la sûreté nationale. Alors qu'il exerçait à la garnison de Sousse, feu le capitaine Mohamed Kefi se rendait incognito (drapé entièrement d'un burnous) et de nuit à la fédération du Néo-Destour en plein centre de la médina de Sousse. Là, il faisait stocker des armes et des munitions destinées au chef des insurgés du Sahel, Hassen Ben Abdelaziz. Par ailleurs, d'autres officiers ont été trié sur le volet au sein de l'armée beylicale et incorporés au sein des unités nationales, alors, en formation. Ayant appris que le gouvernement tunisien recrutait des cadres, un colonel tunisien, qui servait, à l'époque, au sein de l'armée irakienne, débarqua à Tunis pour offrir ses services au "zaïm". Rusé comme à son habitude, Bourguiba demanda à s'entretenir en personne avec ledit officier. Et au cours de la discussion à bâton rompu, le militaire se sentant en confiance, finit par avouer à Si Lahbib "qu'il a participé, dans sa vie d'officier, à pas moins de trois putschs successifs au pays des Rafidyn". Bourguiba le félicita d'un air obséquieux pour son intrépidité. Mais, lorsqu'il parvient à la porte de sortie extérieure du Palais de Carthage, notre "colonel irakien" fut arrêté illico-presto et flanqué en taule manu militari. Ainsi, il y a croupi une trentaine d'années d'affilée et cela jusqu'au fameux "putsch" du 7 novembre 1987, soit près de 31 ans sans procès d'aucune sorte...

M'hamed Ben Youssef Tunis-Hebdo du 17/09/2018




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