Médecins - CNAM : une maladie chronique !

Médecins - CNAM : une maladie chronique !
Tunis-Hebdo
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Le 6 janvier dernier, l'intersyndicale des prestataires de soins privés avait annoncé qu'elle n'appliquera plus le tarif des soins et honoraires conclus, depuis juillet 2008, avec la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). Cette dernière tarde, en effet, à rembourser les praticiens (médecins, pharmaciens et biologistes) conventionnés et se dérobe à toutes discussions depuis près de dix ans ! Serait-ce une raison de plus pour nos médecins d'abandonner le navire "Tunisie" ?
L'idée d'une caisse d'assurance-maladie qui prendrait en charge les soins et, par la même occasion, allègerait les contraintes de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a été vue d'un très bon œil de la part du corps médical. A l'instar du régime des mutuelles d'assurances maladies en France et ce depuis le 1er juillet 2008, les assurés à la CNAM bénéficient d'une carte de soins dont la couleur est spécifique à l'option (régime de soins) choisie : bleue pour la filière publique, jaune pour la filière privée et verte pour le système de remboursement. Ce système est une manne pour les patients assurés car il leur permet d'envoyer la totalité des honoraires conventionnels à la caisse (filière publique) ou de payer seulement le montant du ticket modérateur (quote-part des frais à la charge du bénéficiaire des prestations de soins) au médecin, conformément aux tarifs conventionnels, aux taux de prise en charge et dans la limite du plafond annuel. Le reste des frais étant à la charge de la caisse. Prenons l'exemple d'un assuré de la filière privée qui consulte son médecin généraliste pour une simple grippe. Si le patient a droit à la modalité du tiers payant, il ne paiera que 10 dinars une consultation qui vaut 30. Le reliquat (20 dinars) sera ensuite payé par la caisse, directement, au professionnel de santé.
"La CNAM semble délaisser complètement l'évolution du secteur médical"
Normalement, les médecins conventionnés trouvent aussi leur compte puisqu'ils traiteront bien plus de patients que leur confrères non-conventionnés et pourront se faire un nom dans leur domaine. Seulement voilà, la CNAM n'arrive plus à leur rembourser intégralement les consultations. Les retards de paiement prennent de plus en plus d'ampleur et nos toubibs sont obligés de faire un parcours du combattant pour réclamer leur paie. La cause de ce défaut de paiement serait dû aux déboires financiers de la CNSS qui survit grâce à l'argent de la CNAM. Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, avait annoncé, le 24 avril 2017, que "les dettes de la CNSS auprès de la CNAM sont estimés à plus de 1,7 milliard de dinars" et que "la priorité est de sauver la sécurité sociale en Tunisie". En d'autres termes, "les médecins peuvent attendre car ils ne sont pas dans le besoin" ou "l'Etat n'a plus les moyens de rembourser les frais médicaux". Mais d'après les prestataires des soins privés, "les mesures prises par le gouvernement pour résorber le déficit des caisses de sécurité sociale ont été suffisantes pour restaurer les équilibres financiers de la CNAM". De son côté, la CNAM semble délaisser complètement l'évolution du secteur médical et n'a pas l'intention de trouver des solutions aux mille et un problèmes que rencontre le corps médical. Cela explique, en partie, l'abandon des conventions par nos médecins et leur exode massif vers l'étranger ou des déserts médicaux.

Mohamed Habib LADJIMI Tunis-Hebdo du 10/09/2018




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