Pour les Américains, il n'y a que la guerre qui compte

Pour les Américains, il n'y a que la guerre qui compte
Tunis-Hebdo
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Les Etats-Unis viennent de boucler leur budget militaire pour l'année 2019. En prévision d'une énième guerre ou d'un holocauste nucléaire, 686 milliards de dollars, soit environ le PIB de la Suisse, ont été alloués au département de la Défense (DOD) du pays. Un chiffre ahurissant qui laisse entrevoir la possibilité d'affrontements conventionnels entre Etats, en plus de la lutte antiterroriste. Donald Trump a t-il l'intention de faire du rodéo sur une bombe atomique comme dans Docteur Folamour ? L'idée le démange en tout cas... Depuis que les Etats-Unis d'Amérique ont été fondés en 1776, ils ont passé 221 ans sur les 242 de leur existence à jouer aux petits soldats. Pourtant, la première puissance militaire mondiale s'est toujours affichée comme étant "le fer de lance de la paix dans le monde". Comme un symbole, la première chose que l'on aperçoit lorsqu'on traverse l'Atlantique pour rejoindre les Etats-Unis, c'est la Statue de la Liberté, un colosse de 93 mètres de haut brandissant la flamme de l'espoir et du rêve américain. Mais les gens ne sont pas dupes. Quand bien même le pays de l'Oncle Sam resterait un exemple de démocratie pour les pays du tiers-monde, il continue à bombarder, piller et massacrer des nations entières aux cultures ancestrales pour quelques dollars de plus et cela, au nom des principes dictés par les droits de l'Homme. "America first !" Economiquement parlant, les Etats-Unis font exception. Ils sont, en effet, le seul pays au monde qui peut vivre en autarcie durant plusieurs décennies. Même la Chine, qui pratique un stakhanovisme acharné depuis une trentaine d'années, ne peut se le permettre. Donald Trump le sait et le fait savoir. Depuis son investiture, il joue cartes sur table comme tous ses prédécesseurs depuis William McKinley (président des USA de 1897 à 1901). Ce dernier a été le premier président à lancer la politique de "l'America first" (l'Amérique avant tout). Tout comme Trump, McKinley augmenta fortement les droits de douanes tout en promettant que "des droits de douane élevés restaureraient la prospérité sans forte inflation". En 1897, le Dingley act, destiné à protéger les industries américaines de la concurrence étrangère, voit le jour. Dès lors, les Etats-Unis connaîtront une forte croissance économique qui sera maintenue sous la gouvernance de Théodore Roosevelt, successeur de McKinley après son assassinat. Si, au début du XXème siècle, l'Europe vit dans l'ombre des guerres et des conflits, les Etats-Unis vivent dans la prospérité et le luxe. Lorsque les premiers puits de pétrole furent découverts en très grande quantité dans le sud du pays, notamment au Texas, le dollar prit son envol et devint l'unité monétaire de référence dans le monde. Conscients de leur richesse en matières premières, les Américains n'ont jamais souhaiter les exporter de peur d'en manquer si une autre guerre mondiale, après celle de 1914-1918, se déclenchait. Après la krach boursier de 1929 qui plongea les Etats-Unis dans la Grande Dépression, Franklin D. Roosevelt lança la politique du New Deal pour soutenir les classes populaires. Sans réel succès. Arrive alors la Seconde Guerre mondiale... "J'ai besoin de vous" De 1939 à 1940, Adolf Hitler conquit l'Europe avec ses chars Panzer, sa blitzkrieg et son armement dernier cri. Beaucoup disent que si l'Allemagne n'avait pas rompu le pacte de "non-agression" avec l'Union soviétique, elle aurait gagné la guerre. Ainsi, Roosevelt avait compris que la seule manière de sortir son pays de la crise dans laquelle il se trouvait, et par la même occasion de défaire les Japonais, était d'augmenter le budget de l'armée. La course à l'armement était lancée ! En 1945, le président Truman n'hésite pas à balancer deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki pour mettre fin à la guerre. Cet acte monstrueux fit du président américain l'un des plus populaires chefs d'Etat de l'histoire des Etats-Unis. Ses successeurs n'avaient plus qu'à l'imiter, mais dans une moindre mesure, car un vent glacial provenait des silos nucléaires de l'ennemi juré des USA : l'URSS communiste. Durant la deuxième moitié du XXème siècle, l'US Air Force, la Navy et les Marines engagèrent des combats sur tous les fronts. Ces soldats ne vivaient qu'au son du stimulant rock 'n' roll et des cartouches de Lucky Strike qui leur donnaient l'impression d'être John Rambo. Ses campagnes militaires avaient pour objectif de conquérir les réserves souterraines en pétrole des pays du Proche-Orient et de stopper l'invasion communiste en Asie. Corée, Vietnam, Première guerre du Golfe, Afghanistan, Seconde guerre du Golfe, les conflits s'enchaînent sans répit. Qu'importe la victoire ou la défaite, l'Oncle Sam n'a qu'une idée en tête : enrichir le lobby des fabricants d'armes, véritable socle économique des USA. Apocalypse now ? Aujourd'hui, la communauté internationale critique Donald Trump pour avoir augmenté le budget militaire de 54 milliards de dollars par rapport à l'année précédente. Cette communauté oublie, par ailleurs, que les présidents Truman, Johnson, Nixon, Reagan et les deux Bush ont fait de même durant leurs mandats respectifs. En clair, Donald Trump n'invente rien, il ne fait que copier, ouvertement, les mesures de ses pairs. Il est une chose, cependant, sur laquelle les garants de ce monde devraient se pencher, une chose qui pourrait signer l'anéantissement de l'humanité dans les prochaines années : l'élaboration à grande échelle de "mini-armes nucléaires" capables d'anéantir des installations précises comme des infrastructures électriques ou des usines. En guise d'arguments rassurants, les gars du Pentagone affirment que ces armes n'affecteront pas les populations civiles vivant à proximité des cibles. Quand on sait qu'une seule de ces armes est vingt fois plus puissante que celle d'Hiroshima, on se demande qui peut bien croire de telles sottises ? "Je veux la paix par la force", disait Trump en janvier. Le pauvre homme ignore qu'à l'ère nucléaire, il ne peut y avoir de paix...  

Mohamed Habib LADJIMI

Tunis-Hebdo du 20 Août 2018




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