Wadiï El Jery-Majdouline Cherni : un couple désaccordé

Wadiï El Jery-Majdouline Cherni : un couple désaccordé
Tunis-Hebdo
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  Ils auraient pu constituer un couple modèle, exemplaire, harmonieux ayant des visions convergentes, œuvrant à l’unisson pour le bien du football national, soucieux d’accorder leurs violons quant au devenir de notre sport roi, et sachant mettre l’une comme l’autre l’intérêt national au-dessus de toute considération. Hélas, tel n’est pas le cas du duo (transformé en un duel acharné) formé par la coquette ministre de la Jeunesse et des Sports et l’astucieux patron de la Fédération Tunisienne de Football. Deux personnalités à l’ego hypertrophié et au caractère trempé. La première tire sa force de son charme qu’elle sait exercer, exploiter à bon escient tout en croyant pouvoir réussir dans le secteur sportif là où elle a échoué dans la gestion du dossier des martyrs de la révolution. Le second, adossé à un Sud acquis à sa cause et mégalomane sur les bords, puise sa puissance dans un sens inégalé de la roublardise qui lui a permis de tenir la dragée haute à tous les ministres de tutelle qui se sont succédé depuis 2012. Nos deux personnages ne se sont donc pas choisis et devaient, nolens volens, composer avec, ce qui explique la tension qui marque leur relation où la mésentente le dispute aux accusations réciproques. A vrai dire, le type de rapport entre eux cristallise la tendance relationnelle dans le pays depuis la révolution: la contestation et le non-respect des hiérarchies. C’est un secret de polichinelle : la ministre n’apprécie guère la manière dont le président de la Fédé gère le football. Pour preuve, l’évaluation des dépenses au Mondial de Russie qu’elle a demandée restée lettre morte. Tenue au courant, par ailleurs, des scandales inhérents à l’arbitrage et des soupçons de corruption qui minent le ballon rond, Majdouline Cherni est incapable d’intervenir et se retrouve condamnée au silence, mais ne s’empêche pas, à l’occasion, d’égratigner la gestion de Wadiï El Jery. La réplique de ce dernier se veut virulente lorsqu’il met un point d’honneur à rappeler à Madame la ministre le respect qu’elle lui doit, n’hésitant pas au passage à l’accuser d’avoir barré la route à la construction d’un hôtel pour les différentes équipes nationales. Cette semaine, les choses ont pris une tournure plus grave quand une décision émanant du ministère de tutelle fait monter d’un cran la tension entre les deux parties. Sans se concerter avec le Bureau Fédéral ni le prévenir, la ministre décide au pied levé d’imprimer 120 billets d’entrée au stade pour chaque match de Ligue 1 et pour les rencontres de l’Equipe nationale. Il ne fallait pas plus pour exaspérer le patron de la Fédé qui y répond par un communiqué percutant. Il est fait mention d’un dépassement que la Fédé, souveraine, ne saurait admettre. Le communiqué se double d’une charge contre la ministre, accusée de s’immiscer dans les affaires qui ne la concernent pas, et s’achève par un reproche inhérent au laxisme du ministère inhérent aux différents problèmes demeurés sans solution. C’est donc peu dire que le torchon brûle entre la Dame à la Rolex et l’homme aux implants capillaires, faisant ainsi figure de plus en plus d’un vieux couple qui passe son temps à s’entredéchirer, à se chercher noise. Et au rythme où va cette détestable passe d’armes où chaque partie joue sa partition en solo et selon son humeur, c’est le football, déjà mal en point, qui va en baver. Mais grave !!!

Abbès BEN MAHJOUBA

Tunis-Hebdo du 20 Août 2018




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