D’une Espérance déficiente à une Etoile en demi-teinte

D’une Espérance déficiente à une Etoile en demi-teinte
Tunis-Hebdo
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Nos deux représentants en Ligue des Champions, déjà assurés de leur qualification en quarts de finale, n’ont pas brillé à l’occasion de la cinquième journée de la phase de poules. Les « Sang et Or » se sont inclinés devant leur « ennemi juré » d’Al Ahly tandis que les Etoilés ont éprouvé beaucoup de peine à arracher une parité devant les Angolais de Premeiro de Agosto. Cette cinquième journée de la phase de poules a donné lieu pour l’Espérance et l’Etoile à des fortunes diverses qui appellent quelques réflexions sur l’état de santé de l’une et de l’autre à l’orée de la nouvelle saison.
L’Espérance : le mal chronique
Le champion sortant a démarré la nouvelle saison par des joutes africaines et arabes qui suscitent quelque inquiétude auprès de son public. Certes, il y a eu deux victoires contre les Ougandais de Kampala City, mais rien de rassurant quant à la prestation de l’équipe. La sortie de cette dernière en Coupe arabe contre une modeste équipe d’Alexandrie n’a fait que confirmer les grosses lacunes déjà relevées. La confrontation avec les Cairotes était dès lors attendue, considérée comme le vrai test pour le coach Ben Yahia et ses poulains. On connaît le verdict, sans appel : une défaite logique, encore une fois dans son propre fief, infligée par une équipe d’Al Ahly, pourtant fortement rajeunie, mais toujours aussi rigoureuse et qui aurait pu alourdir le score sans le ratage de Maher et d’Azaro. Cette rencontre a eu ceci d’intéressant de donner la vraie valeur d’une Espérance dans ses petits souliers et qui ne s’est pas présentée dans la peau d’un champion digne de ce nom. Le mal de l’Espérance est chronique. Il réside dans la faiblesse de sa ligne défensive. Des cinq éléments qui la composent, aucun ne semble digne de défendre les couleurs du club. Le renfort effectué à la faveur du mercato ne semble pas à la hauteur de l’équipe et de sa renommée. Le milieu de terrain souffre d’un déséquilibre flagrant. La paire Kom-Coulibaly en est en partie responsable alors que Badri a du mal à retrouver ses sensations, quand Chaâlali brille par l’indiscipline. Sans régisseur, la ligne d’attaque n’y peut rien d’autant que Khenissi a perdu de sa superbe, et que Jouini demeure brouillon. En d’autres termes, la colonne vertébrale avec trois joueurs dans les trois lignes, qui a toujours fait la force de l’Espérance semble introuvable. Et qu’en est-il de la responsabilité de Khaled Ben Yahia ? Le coach aura brillé par son conservatisme et sa frilosité. Alors qu’il bénéficie de solutions de rechange intéressantes, il paraît attaché à un Onze limité et nullement convaincant. Pour une saison où le doyen des clubs s’apprête à fêter son centenaire, rien ne semble avoir été fait pour que le triomphe confère à la fête une dimension grandiose. Car telle qu’elle se présente, l’Espérance n’a pas les moyens de défendre son titre arabe ni de remporter la Ligue des Champions. Les dirigeants espérantistes paraissent manquer toujours de lucidité pour savoir : ou donner du sang neuf à l’équipe ou laisser la place aux autres.
L’Etoile : légitimes ambitions
A Sousse, les choses se présentent sous un autre jour. Les enseignements de l’échec de la saison passée semblent avoir été bien tirés et retenus. En dépit des promesses ou menaces de se retirer, c’est selon, le président Charfeddine demeure en place. Il a commencé par changer d’entraîneur et opter pour « l’école tunisienne ». Chiheb Ellili relève l’Algérien Madoui et se voit offrir un certain nombre de recrues ciblées. Et ne serait-ce qu’au regard des prestations de l’équipe, les éléments nouveaux ont donné cette valeur ajoutée que tout le monde attendait à Sousse. Le retour de Boughattas, l’arrivée de Belarbi, Aouadhi ou encore de Hannachi ont prouvé le bien qu’on pensait d’eux si l’on en juge par les avis des observateurs chevronnés. Sous son nouveau visage depuis l’arrivée de Chiheb Ellili, l’Etoile compte deux victoires et une parité. Certes, le groupe auquel appartient le club phare du Sahel n’est pas fort, mais en occuper le leadership est toujours important, au point de vue mental. A cet égard le dernier match devait nous permettre de juger et jauger la forme du Onze étoilé. Résultat des courses plutôt mitigé. Donnés vainqueurs par les pronostics, les Etoilés se contenteront d’une parité. Mais c’est moins le résultat qui compte que la manière. L’Etoile nous a paru bicéphale, c’est-à-dire donnant à voir deux visages opposés. Une première période durant laquelle on a eu le droit de voir à l’œuvre une Etoile méconnaissable, comme si le but d’Afonso à la 12’ avait impacté le moral des joueurs. Et une seconde période flamboyante avec plus de vivacité, de rythme et de créativité dans le jeu. Les camarades de Hannachi ont eu le plaisir à varier le jeu et à faire plier l’adversaire jusqu’à la rupture. A cinq minutes de la fin, sur une action de toute beauté, Chermiti remet les pendules à l’heure. De fait, le coaching de Chiheb Ellili s’est avéré judicieux et fructueux. L’Etoile est déjà assurée du leadership dans son groupe mais ne devrait pas s’accommoder de cet avantage. Les imperfections relevées dans le jeu ne sauraient empêcher d’estimer que l’équipe est à même de nourrir des ambitions légitimes pour un épilogue triomphant dans le périple africain.

Abbès BEN MAHJOUBA

Tunis-Hebdo du 20 Août 2018




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