Tunisie : Service public ou sévices publics !

Tunisie : Service public ou sévices publics !
Tunis-Hebdo
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La crise politique a pénalisé la bonne marche des affaires publiques. L’Etat semble complètement paralysé ne réussissant pas à assurer ce qui est devenu le « smig » des prestations qu’il doit aux citoyens. Les services publics vivent un marasme sans précédent, avec des problèmes très diversifiés allant de leur inorganisation pour ne pas dire désorganisation jusqu’aux pénuries frappant des produits ayant une incidence directe sur la santé des citoyens. Si avant la chute de l’ancien régime, la crise des services publics était contenue par une administration autoritaire et l’usage d’acrobaties financières, elle est devenue encore plus perceptible depuis, avec une dégradation constante des prestations offertes aux citoyens dans les différents domaines. Les critiques pointaient du doigt à la fois le manque des moyens dont disposent les services publics et l’absence de motivation et de rigueur dans leur gestion. Sur ce plan, les gouvernements qui se sont succédé, et qui sont censés les remettre sur les rails, voire les améliorer, semblent avoir jeté l’éponge et assistent, impuissants, à leur détérioration. Cette quasi-indifférence à l’égard des services publics laisse planer un doute sur les véritables motivations qui seraient derrière cette attitude. Est-ce que les gouvernants sont à ce point désarmés face à ce phénomène et donc incapables de les réformer et de leur assurer un meilleur fonctionnement ? Ou bien s’agit-il d’une politique délibérée pour accélérer leur privatisation, celle que plusieurs lobbies souhaiteraient exploiter et que les institutions financières internationales encouragent ? Lorsqu’on se penche sur certains phénomènes que nous vivons actuellement, on est sidéré par les « arguments » ou les « justifications » développés par les pouvoirs publics pour expliquer leur propre incurie. Ainsi, la pénurie des médicaments ne semble pas offusquer, outre mesure, les responsables alors qu’elle a des conséquences désastreuses sur la santé des citoyens, le plus élémentaire et le plus naturel de leurs droits. Le ministre nous renvoie à son chauffeur qui trouverait les médicaments manquants, ou accuse, à tort ou à raison, d’obscurs lobbies d’être derrière un gigantesque trafic où seraient impliqués des agents de la Pharmacie centrale, des médecins, etc. Dans le premier cas, il défie la réalité alors que les intervenants, ordres des médecins ou des pharmaciens ou les simples citoyens, ne cessaient de tirer la sonnette d’alarme. Dans le second cas, et à l’heure actuelle, on ne voit rien venir, alors que le premier responsable du département de la santé a souligné avoir saisi la justice. Cette situation est tout simplement révoltante à partir du moment où les médicaments constituent une priorité alors qu’en même temps on continue à voir notre marché inondé par des produits inutiles provenant de « pays amis », surtout que ces mêmes produits « made in Tunisia » existent ! Autrement dit, les gouvernants semblent dépourvus de stratégie et aussi incapables de prendre des décisions ponctuelles dans l’intérêt des citoyens, du pays, de son économie et de ses grands équilibres. Les cadres et les agents des services publics ne peuvent pas être épargnés, eux-aussi, par les critiques. Ils sont aussi coupables de cette détérioration continue de leurs propres institutions. Leur conscience professionnelle, leur engagement, leur rigueur, leur probitéet leur sérieux sont mis en doute alors que la corruption semble sévir à tous les niveaux et partout. Aujourd’hui, les services publics, qui constituent le nerf de l’Etat et le seul recours de l’écrasante majorité des citoyens, doivent être repensés. Malheureusement, les pouvoirs publics ne parviennent pas à générer de nouvelles lois de fonctionnement ou d’organisation sans toucher au statut de service public. Les employés sont, eux-aussi, dans l’obligation de repenser leur comportement et réapprendre à prendre soin de leurs propres entreprises et des intérêts de leurs citoyens-clients. Il va sans dire qu’un effort global impliquant toutes les parties doit être entrepris pour remettre à flot les services publics pour le plus grand bien de tous…

Lotfi LARGUET Tunis-Hebdo du 06/08/2018




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