Maersk Tunisie : Scandale, corruption et couverture politique d'Ennahdha ?

Maersk Tunisie : Scandale, corruption et couverture politique d'Ennahdha ?
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Filiale tunisienne du numéro un mondial du transport maritime, Maersk Tunisie est au cœur d'un scandale de corruption qui impliquerait une intervention et une couverture politiques de la part du parti Ennahdha.
Pour comprendre la situation il faut remonter à ses origines, depuis 2011, la moitié des parts de Maersk Tunisia, autrefois détenue par la sénatrice RCD Hayet Laouani proche du clan de Ben Ali, a été transférée à la société Sened, une société du droit tunisien entièrement sous l’emprise de Maersk. La filiale exerce dans l'illégalité après la promulgation d'une nouvelle loi régissant l’activité du transport maritime. En effet, la nouvelle loi exige que le capital des sociétés maritimes de droit tunisien soit détenu à plus de 50% par des intérêts tunisiens, ce n'est pas le cas de Maersk Tunisia, totalement contrôlé par la société danoise depuis 2011. Selon Challenges.tn, Maersk Tunisia est soupçonné de fraude dans une affaire de transfert de devises vers l'étranger. Il s'agit particulièrement de "la transaction qui a permis le transfert des actions détenues par Hayet Laouani au profit de la Sened qui fait l’objet d’une enquête diligentée par l'INLUCC, l’Instance nationale de lutte contre la corruption" a-t-on expliqué. On ignore d'ailleurs le montant de cette transaction de devises vers l’étranger, une opération si douteuse.
Un conflit entre Maersk Tunisie et Radhouane Ayara
Maghreb Confidential révélait en juillet dernier qu'un véritable conflit oppose le ministre du Transport Radhouane Ayara et la compagnie précitée, le premier, voulant à tout prix faire pression pour appliquer la loi, la seconde essaye de gagner du temps en espérant que le prochain remaniement ministériel vise Ayara. En effet, selon ce média, Maersk Tunisie est confrontée à une pression du ministre qui la somme de mettre son activité dans la conformité à la loi tunisienne. Ayara aurait même fixé un court ultimatum à la société pour régulariser sa situation en Tunisie, a-t-on indiqué. Mais selon les dernières informations, Maersk Tunisie a obtenu une nouvelle prolongation pour régulariser sa situation en Tunisie.
Une couverture politique d'Ennahdha
Toujours selon Challenges.tn, les différents ministres des Transports Nahdhaouis qui se sont succédés depuis 2011, ont évité de mettre en danger les intérêts de la multinationale. " L’islamiste Abdelkarim Hamrouni, en poste de 2011 à 2014, n’a jamais adressé la moindre objection à Maersk. En même temps, il a fait des reproches sur CMA CGM de faire un montage financier. Ce qui a, d’ailleurs, donné naissance à moult interrogations sur le conflit d’intérêt entre le ministre et le transporteur" a expliqué le média. Selon la même source, les responsables de l’armateur misent sur le dégommage de Ayara lors du remaniement prochain, prévu en septembre, "ils tablent sur la désignation d’un nouveau ministre d’obédience islamiste" a-t-on même affirmé. Pour sa part, Maghreb Confidential, affirme que le directeur financier de Maersk Tunisie aurait impliqué sa femme, Farida Labidi, une député d'Ennahdha, dans ses pourparlers avec Ayara. [pull_quote_center]"Labidi a participé à une réunion de crise, dédiée au dossier Maersk le 17 juin 2018 au siège du parti islamiste avec le député Abdellatif Mekki, l'ex-ministre du Transport Abdelkarim Harrouni et le Cheikh Rached Ghannouchi en personne", a-t-on expliqué.[/pull_quote_center] Il faut noter également que dans la foulée, le 20 juin dernier, le député indépendant Yassine Ayari s'est impliqué dans cette affaire en écrivant au ministre Radhouane Ayara, demandant pourquoi le géant danois opérait encore en Tunisie, dans l'illégalité totale. Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette affaire illustre parfaitement la corruption énorme qui frappe le secteur des ports et du transport maritime tunisien, mêlant politique, corruption et intérêts économiques douteux.



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