Le financement de la campagne électorale décortiqué par I Watch

Le financement de la campagne électorale décortiqué par I Watch
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Deux jours après la tenue des élections municipales, l'organisation I Watch a présenté les résultats de sa mission d'observation concernant le financement de la campagne électorale et les dépassements que certaines listes ont commis. La mission a porté sur trois volets : le plafond de dépense électorale (suivi parallèle des sommes dépensées), l'achat des voix (observation sur terrain avec sondage) et l'exploitation des ressources de l'Etat (voitures administratives et autres...). L'ONG a enrôlé 90 observateurs qui ont été présents dans 12 municipalités : Tunis, Tataouine, Kairouan, Sousse, Gafsa, Le Kef, Monastir, Médenine, Bizerte, Ariana, Sfax et Nabeul. Concernant le respect du plafond de dépense électorale, I Watch a annoncé que deux partis n'ont pas respecté la limite fixée par l'Assemblée des Représentants du Peuple. A Tunis, le mouvement Ennahdha a dépensé plus de 60.000 dinars, soit un dépassement de 55% par rapport à la somme autorisée (qui est de 38.700 dinars). Le deuxième parti concerné par cette infraction est Nidaa Tounes qui, à Sfax, a dépensé lors de la campagne électorale 41.800 dinars contre 29.000 dinars autorisés, soit une augmentation de 40%. Les membres de l'ONG ont souligné que selon la loi, les listes électorales qui dépassent le plafond des dépenses doivent être amenées à payer une amende dont la valeur est le double (voire même 5 fois) de la somme dépensée au-delà de la limité fixée. En ce qui concerne l'achat des voix, le sondage a été réalisé dans six gouvernorats : Tunis, Le Kef, Sousse, Sfax, Gafsa et Tataouine. Cette infraction commise par plusieurs listes n'a pas concerné uniquement les adultes. I Watch a relevé, dans plusieurs régions, l'exploitation de mineurs dans la campagne électorale, utilisés comme outil de marketing. A l'Ariana, par exemple, une enseignante dans un lycée, candidate aux Municipales, a chargé tous les élevés de sa classe de distribuer des flyers durant les horaires des cours, en les autorisant à quitter la classe. Quelques chiffres supplémentaires du sondage :
  • 62% des personnes sondées ne comptaient pas aller voter, ce chiffre est le plus important chez les jeunes (entre 18 et 34 ans)
  • 72% des personnes sondées n'ont pas confiance au processus électoral
  • 81% des personnes sondées ne font pas confiance aux partis
  • 86% des personnes sondées sont conscientes de l’existence du phénomène de l'achat des votes
  • 78% des personnes sondées déclarent que même dans le cas où elles acceptent un pot-de-vin, elles ne voteront pas pour le parti qui les a payées.
De multiples autres infractions ont été relevées durant la campagne :
  • Non respect des données présentées à l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE)
  • Perturbation de la circulation dans plusieurs régions (notamment à Tunis). Certains partis ont mis en place leurs tentes devant des écoles ou des hôpitaux.
  • L'annonce de discours basés sur la haine
  • La rupture du silence électoral
  • L'Exploitation d'enfants contre de l'argent
  • La provocation, la violence verbale et l'intimidation contre les observateurs
Achref Aouadi, président d'I Watch, a souligné l'importance de la mission d'observation, la première en son genre dans le monde, puisque aucun pays n'a effectué la même tâche lors d'élections locales. Il a dénoncé également l'absence de coopération avec les instances régionales de l'ISIE et de professionnalisme de la part de cette instance.



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