Hier encore, nous avons rendu hommage aux martyrs du mouvement national tout en ayant une pensée pour les martyrs tombés lors de mouvements sociaux ou durant la révolution tunisienne.
Bien sûr, le terme de "martyr" a fini par recouvrir bien des réalités et, parfois, des polémiques naissent pour savoir si untel peut être qualifié ou pas de martyr.
Là n'est pas notre propos aujourd'hui car nous voudrions évoquer un tout autre type de cas en utilisant - à bon ou mauvais escient, à vous de juger -, ce terme de "martyr".
En effet, il existe dans l'administration tunisienne des "martyrs" d'un tout autre genre qui sont des directeurs ou des responsable intermédiaires mis à l'écart pour des raisons politiciennes ou parce que leur profil ne répond pas aux attentes des hauts responsables.
On parle de mise au placard ou de mise au frigo dans ces cas et les situations de ce type pourraient se compter par centaines.
Lorsqu'on vous met au frigo, on ne vous demande plus rien mais on continue à vous servir vos salaires et vos avantages tout en vous torturant psychologiquement.
Ils sont nombreux à subir ces situations, enfermés dans l'attente, dépouillés de toute prérogative, quasiment destinés à la dépression.
Et pourtant, parmi ces frigorifiés/placardisés, ils sont nombreux à être compétents et à avoir rendu bien des services.
Et, question subsidiaire, la Tunisie d'aujourd'hui, appauvrie et en panne, a-t-elle les moyens de s'offrir des situations de ce genre où la princesse - c'est à dire le contribuable - paie des "martyrs" à se rouler les pouces en lisant les journaux ?
A force de nourrir tout un pays sur la bête, on est en train tout simplement de tuer la poule aux œufs d'or pour aller ensuite dénoncer les réformes qui se profilent pour remettre de l'ordre dans la maison.
En tous cas, les placardisés se considèrent des "martyrs" mais c'est le pauvre contribuable qui, en dernier ressort, est le "martyr" ultime de toutes ces incuries, cette gabegie et ces inconséquences...