Tunisie : Beji Caïd Essebsi va "muscler" les gouverneurs et les sécuritaires

Tunisie : Beji Caïd Essebsi va "muscler" les gouverneurs et les sécuritaires
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Dans son discours du mercredi 10 mai, Béji Caïd Essebsi, a, entre autres, annoncé une restructuration du ministère de l’Intérieur sans donner de détail sur ce projet. Une annonce occultée par les médias qui ont préféré se rabattre sur le volet concernant l’implication de l’armée dans les conflits sociaux. Or, il s’agit d’une décision qui s’inscrit dans le même sillage que celui de « la prise en main » de l’armée, puisqu’elle vise à redonner encore plus de pouvoir et plus de latitude aux responsables régionaux, entre gouverneurs, délégués et sécuritaires, dans la gestion des contestations et autres mouvements de revendications. En substance, une armée plus musclée et des autorités régionales plus agissantes, voire plus fermes, et moins exposées aux foudres des gouvernants. Selon le journal “Achourouk” dans son édition de jeudi 11 mai 2017, la décision de restructuration du ministère de l’Intérieur comprendra, essentiellement, la réintégration du corps des gouverneurs dans le ministère et son retrait à la présidence du gouvernement. Réintégration fort significative quant au rôle futur des gouverneurs qui retrouvent, du moins théoriquement, la grande marge de manœuvre dont ils bénéficiaient, notamment, sous Ben Ali. D’ailleurs, d’après le journal, cette mesure est motivée par l’apparition d’une mauvaise coordination entre un grand nombre de gouverneurs et les commandants régionaux des districts de sécurité de la garde et la police. En outre, selon la même source, il sera également créé une nouvelle direction de la sécurité publique sous la supervision du directeur général de la sécurité nationale et du commandant de la Garde nationale. La sous-direction des frontières et des étrangers deviendra une direction générale autonome au même titre que la direction de la formation de la Garde nationale qui sera, désormais, direction générale. Il sera également accordé plus de pouvoirs au commandant de la Garde nationale et au directeur général de la sécurité nationale dans la nomination et la révocation des directeurs généraux et chefs de districts qui sont sous leur tutelle. Par ailleurs, Il a été également proposé de changer le nom du ministère de l’Intérieur en ministère de la Sécurité nationale. Notons que la restructuration du ministère de l’Intérieur vers l’élargissement des prérogatives du gouverneur en tant que représentant du président de la République dans la région, pose un problème juridique dans la mesure où la Constitution de la deuxième République n’attribue pas un pouvoir absolu au chef de l’Etat, comme c'était le cas auparavant. Selon Yadh Ben Achour, spécialiste de droit public, le chef du gouvernement demeure le Chef de l’administration tunisienne conformément aux dispositions de la loi fondamentale. Ben Achour réagissait à la proposition de renvoyer le dossier des gouverneurs au département de l’Intérieur dès lors que la présidence du gouvernement assure, à l’heure actuelle, la gestion de ce dossier. Cela dit, cette restructuration ne s’est pas faite attendre, ce jeudi, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a décidé, de rattacher la direction générale des Affaires régionales au ministère de l’Intérieur. En attendant la mise en application des autres mesures.

IBH




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