Ils ne passeront pas.
Ils ne passeront pas. Ils pourront gagner quelques batailles, mais la Vie gagnera toujours.
Le comité directeur de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage tient sa conférence de presse ce matin à Tunis, à la rue Medhat Pacha (perpendiculaire à l’avenue Mohamed V). Il présentera les grands axes de l’édition 2016 prévue du 28 octobre au 05 novembre et annoncera le programme de la célébration du cinquantième anniversaire des JCC.
[caption id="attachment_140374" align="aligncenter" width="665"] Des larmes de tristesse, mais debout quand même.[/caption]La rue Medhat Pacha est la rue dans laquelle, le 24 Novembre 2015, un attentat meurtrier avait fauché la vie de douze de nos valeureux membres de la garde présidentielle et en avait blessé 20 autres. Ce jour-là correspondait au 4ème jour de la 26ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage. Les terroristes voulaient certainement, aussi, gâcher la fête du cinéma. Ils avaient commis leur acte odieux sachant que la Tunisie recevait d’illustres invités de plusieurs nationalités et que les projecteurs étaient braqués sur notre pays. Seulement ils n’avaient pas compté sur la détermination des Tunisiens et de leurs convives.
Juste quelques minutes après l’attentat, lors de la séance de projection du film «Les frontières du ciel», Lotfi Abdelli avait affirmé: «C’est un message au monde pour voir que la Tunisie a la culture de la vie. Celui qui a peur meurt tous les jours. Celui qui n’a pas peur ne meurt qu’une fois».
Ce soir là, le comité d’organisation des Journées Cinématographiques de Carthage avait décidé que le festival ne serait pas interrompu. Brahim Letaief l’avait annoncé quelques heures après le lâche attentat. Et pour s’adapter au couvre feu décrété, toute la programmation des projections des films avait été modifiée. Il a fallu travailler toute la nuit pour tout préparer pour le lendemain.
Bravant le couvre feu, et sur proposition de Mostafa Elkilany, journaliste et secrétaire général du Festival du Film Arabe de Port Saïd (Egypte) qui les a filmés, des artistes égyptiens (les acteurs Hana Shiha, Amr Youssef, Khaled Abol Naga, Nagla Badr, Salwa Khattab, le réalisateur Karim Hanafy, le critique de cinéma Ahmed Shawky) et l’actrice syrienne Kinda Allouch, invités des JCC, étaient sortis dans l’avenue Habib Bourguiba pour délivrer un message de solidarité avec le peuple tunisien et les organisateurs des JCC et pour annoncer leur décision de rester jusqu’à la fin du festival.
[caption id="attachment_140369" align="aligncenter" width="680"] Les artistes Hana Shiha, Kinda Allouch, Amr Youssef, Khaled Abol Naga, Nagla Badr, Salwa Khattab, le réalisateur Karim Hanafy et le critique Ahmed Shawky bravant le couvre feu et filmant un message de solidarité avec le peuple Tunisien.[/caption]Cette vidéo a fait le tour du monde arabe et a été partagée sur Internet et sur plusieurs chaines de télévision.
Les acteurs Hend Sabry et Khaled Abol Naga avaient ensuite changé leurs photos de profil sur facebook. Ils avaient arboré le drapeau tunisien par solidarité.
[caption id="attachment_140365" align="aligncenter" width="700"] Photo de profil facebook de Hend Sabry[/caption] [caption id="attachment_140366" align="aligncenter" width="700"] Photo de couverture facebook de Khaled Abol Naga[/caption]Aucun des convives du festival n’avait interrompu son séjour et n’avait quitté la Tunisie. A part Roger Waters qui avait annulé sa visite, tous les autres invités prévus avaient continué à arriver en Tunisie, comme par exemple Bassem Youssef qui avait animé la soirée de clôture.
[caption id="attachment_140370" align="aligncenter" width="700"] Sur son compte Twitter, Bassem Youssef annonce son arrivée en Tunisie.[/caption]«Nous n’avons pas peur. Nous serons toujours les plus forts. Nous montrerons aux terroristes que nous aimons la vie».
Dès le lendemain, et contrairement à toute attente, les salles de cinéma étaient archicombles. Les tunisiens étaient venus en masse assister aux projections, comme pour défier encore plus les terroristes et montrer leur détermination à faire triompher la Vie: «Nous n’avons pas peur. Nous serons toujours les plus forts. Nous montrerons aux terroristes que nous aimons la vie» affirmaient-ils.
L’Art avait triomphé sur la terreur !
Presque un an après, le comité d’organisation des Journées Cinématographiques de Carthage a tenu à organiser sa conférence de presse à ce même endroit pour rendre hommage à nos martyres, pour montrer qu’on pense à eux, qu’on ne les a pas oubliés, et surtout pour dire que la Tunisie et les Tunisiens sont encore debout et qu’ils fêtent encore et toujours la Vie.
L’Art triomphera toujours sur la terreur!
Neïla Driss
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