Tunisie : Le mini, toujours à la mode !

Tunisie : Le mini, toujours à la mode !
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Tunis Hebdo | «Tout est mini dans notre vie», chantait Jacques Dutronc vers la fin des années soixante du siècle dernier. Et depuis, tout est resté mini dans notre vie… de Tunisiens. Je ne parle ni des jupes ni des robes, mais de la médiocrité politique et intellectuelle ambiante : mini-idées, mini-projets, mini-débats, mini-politiciens, mini-penseurs, mini-auteurs (et mini-œuvres), alors que des maxi-problèmes se posent à nous depuis cette mini-révolution qui a miné le pays. Sommes-nous donc condamnés à la petitesse, au moment où il faudrait voir grand, penser grand et planer très haut ? Le mini est-il notre destin national en matière de politique et d’économie, comme en matière d’art, de littérature et de pensée ? Serons-nous des nains à jamais, alors que le monde avance à pas de géant ? Ceci est vraiment à craindre, si les gouvernements continuent à naviguer à vue d’œil et si le partis, au pouvoir comme dans l’opposition, se confirment dans la magouille, les petits calculs électoraux et les querelles intestines. La petitesse sera notre sort si l’Université va persister dans son ronronnement habituel et continuer à jouer un mini-rôle de pourvoyeur de mini-diplômés, munis d’une mini-formation, alors que cette institution est censée constituer la locomotive du progrès et du renouveau au sein de la société. Le mini restera toujours à la mode si nos écrivains et poètes (sauf quelques rares exceptions) continuent à se complaire dans la facilité et la superficialité, pour abreuver les mini-lecteurs, qui vont encore sur le marché du livre, d’œuvres mineures sans saveur et sans odeur. Notre chanson ne sera jamais guérie de son nanisme, si paroliers, musiciens et chanteurs n’arrêtent pas de miser sur le mauvais goût, le succès facile et le recours à des airs d’un autre âge, faute de pouvoir créatif. Comment sortir le pays de toute cette médiocrité, si sur la scène intellectuelle, il n’y a plus que des mini-penseurs, les uns inféodés aux partis politiques, les autres flirtant avec l’étranger. Que dire alors de ceux et celles d’entre eux qui s’adonnent, sur facebook, à des statuts terre à terre qui n’honorent pas un intellectuel ? Du pessimisme que tout cela ? Pas du tout, mais un véritable état de fait, à moins que vous et moi ne vivions pas dans le même pays ! Oui, notre vie politique, culturelle et intellectuelle est en train de f…. le camp, si elle ne l’a déjà fait. Et ce, faute de grands desseins et de hautes visées, mais aussi à cause d’une apathie générale qui traverse le monde politique, intellectuel et culturel (malgré un semblant de bougeotte) et ce n’est, à mon avis, que le reflet d’une déception générale à l’égard du changement que tout le monde attendait après le 14 Janvier 2011, et qui se voit retardé de jour en jour par les mini-politiciens qui nous gouvernent et font, par leurs mini-politiques, faire durer le monde du mini, malgré la montée du hijab.

Adel LAHMAR




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