Formation du gouvernement Chahed : Quels intérêts ont prévalu ?

Formation du gouvernement Chahed : Quels intérêts ont prévalu ?
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Les commentaires autour de l’équipe gouvernementale proposée par Youssef Chahed, la personnalité désignée par le Président de la République, continuent de plus belle. Ils oscillent entre ceux qui lui sont favorables, à vrai dire très peu d’observateurs ou de partis lui sont déjà acquis ; et ceux qui la critiquent ouvertement ou en catimini se contentant d’allusions suggestives. Les commentaires qui dérangent le plus proviennent d’abord du parti majoritaire lui-même (il ne l’est plus en terme de nombre d’élus) puisque les élus au sein de l’ARP de Nidaa Tounès sont remontés contre certaines désignations (Samir Taieb à l’agriculture) et souhaiteraient placer d’autres personnes (Marouène Abassi à un poste de ministre pour les affaires économiques, lui «l’expert auprès de la banque mondiale) dans certains départements en se prévalant à chaque fois de l’intérêt du pays ; alors que d’autres auraient bien voulu voir d’autres maintenus à leurs postes (à l’instar de Said Aidi à la santé publique). Dans tout ce brouhaha relatif à ces désignations, le directeur exécutif du parti suggère lui qu’il n’y aura aucun problème le jour du vote et que le groupe de Nidaa Tounès à l’ARP fera preuve de discipline en votant en faveur du gouvernement proposé par Youssef Chahed. Il faut dire que cette équipe porte le sceau du Chef de l’Etat lui-même qui a probablement pesé de tout son poids pour ramener El Massar, El Joumhouri et Haraket EcCHaab dans le giron du pouvoir, ce qui contribue à isoler davantage le Front Populaire. Les Islamistes entretiennent, comme à leur habitude, le flou en usant du double langage dont ils ont, seuls, le secret. D’un côté, ils soutiennent le gouvernement et affirment, à ceux qui veulent bien les entendre, qu’ils voteront pour lui, la discipline des élus nahdhaouis n’ayant été que rarement mise en doute (comme lors du vote de défiance à l’encontre du gouvernement de Habib Essid) ; mais, et d’un autre côté, ils critiquent certaines nominations (celle de Samir Taieb leur pose problème semble-t-il !) et disent qu’ils ont des réserves à l’égard de certains noms au sein de la nouvelle équipe gouvernementale. Ces commentaires, comme on en a vu quelques-uns, sont superficiels et touchent uniquement des titulaires des postes mais pas la configuration globale du gouvernement. Aucun d’entre eux n’a dit que cette équipe était pléthorique contrairement aux promesses faites auparavant de la voir réduite au maximum, afin, disait-on, d’introduire plus d’efficacité au travail gouvernemental. En fait, les partis n’évoquent pas ce problème sachant qu’ils en sont les principaux instigateurs en voulant placer leur « clientèle » ! Aucun d’eux n’a relevé que la nomination de secrétaires d’Etat, aux antipodes des convictions de celui qui sera leur supérieur hiérarchique à savoir le ministre, est un élément de blocage sérieux pour ne pas dire de paralysie totale à l’instar de ce qui risque de se produire à l’agriculture avec Samir Taieb et ses futurs adjoints que l’on dit islamistes ou proches d’eux ! Bref aucun d’eux n’a placé l’intérêt du pays au-dessus des vicissitudes de la conjoncture, et seuls les intérêts étriqués des partis voire même de certains individus ont été déterminants. La démarche de Youssef Chahed, ou de celui qui a formé ce gouvernement alambiqué, n’avait l’avenir du peuple tunisien devant ses yeux, mais seulement le leur…

L.L.




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