La mémoire des premiers diplomates français en Tunisie

La mémoire des premiers diplomates français en Tunisie
Chroniques
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Pour H et F. Gouyette Le premier consulat de France à Tunis a été créé en 1577 par Henri III. C'est la toute première représentation diplomatique française en Tunisie.
Une tradition qui remonte au douzième siècle
A l'époque, Henri III donna à la Chambre de Commerce de Marseille la mission d'organiser cette représentation car c'étaient essentiellement des commerçants de Provence et du Languedoc qui avaient alors des relations commerciales avec notre pays. Il faut noter que depuis le douzième siècle, une tradition existait en ce sens avec des commerçants du Languedoc et de Provence qui étaient établis dans la ville - en fait hors les murs - sans toutefois disposer d'une représentation consulaire.
Louis de la Motte Dariès, premier consul français en 1577
Le tout premier consul français en Tunisie fut Louis de la Motte Dariès. Après quelques années à Tunis, il reviendra à Marseille, fut impliqué dans les guerres de religion ce qui entraina son jugement et sa pendaison en 1585. En ce temps, la charge de consul pouvait être achetée: celle de consul à Tunis échut aux Martin, une famille marseillaise qui occupa cette dignité jusqu'en 1648. Le dernier représentant de cette famille consulaire, Lange Martin, céda la charge qui revint peu à peu aux prêtres lazaristes qui étaient les chapelains de la maison consulaire.
L'initiative du père lazariste Jean Le Vacher
C'est dans cette continuité lazariste qui se poursuivit durant une décennie que le père Jean Le Vacher, consul de 1648 à 1667, demanda au Divan ottoman la construction d'un nouvel hôtel consulaire pour les Français. Le Fondouk des Français allait naitre dans ces conditions en 1660 et les consuls lazaristes allaient se succéder. En ce temps, la Duchesse d'Aiguillon avait acquis aussi bien le consulat de Tunis que celui d'Alger au bénéfice de la Mission des Lazaristes qui fut, rappelons-le, fondée par Saint-Vincent de Paul.
Au cœur du Quartier franc
En cette époque lointaine naissait donc le Fondouk des Français qui se trouve de nos jours encore à la rue de l'Ancienne Douane, non loin de Bab Bhar, au cœur de ce qui fut longtemps le Quartier franc de Tunis. Ce fondouk - en d'autres termes une sorte de caravansérail - permit aux commerçants français de se regrouper autour du consul tout en entreposant leurs marchandises dans cette maison consulaire. L'établissement sera agrandi grâce au Divan ottoman qui octroiera à la France un second édifice mitoyen au premier qui deviendra le fondouk des commerçants alors que le premier sera réservé au consul.
En 1860 naissait l'actuelle ambassade de France
En ce temps, le régime des Capitulations interdisait aux chrétiens de posséder des biens-fonds en territoire ottoman. De ce fait, le fondouk n' a jamais appartenu à la Nation française. Pour l'histoire, le Fondouk des Français restera en usage de 1660 à 1860. C'est à cette date que le consul Léon Roches obtiendra du bey de l'époque la construction de l'actuelle chancellerie de l'ambassade de France.
Le Baron d'Erlanger rachète le vieux consulat
Ce qui fut à l'origine le nouveau consulat français puis la Résidence générale, sous le Protectorat, deviendra ensuite l'ambassade de France à l’indépendance de la Tunisie. Quant au Fondouk des Français, la propriété de ses deux corps de logis reviendra à la couronne tunisienne qui revendra le bâtiment. C'est ainsi que le fondouk du consul deviendra une propriété du Baron d'Erlanger alors que le fondouk des négociants sera acquis par la famille Chapelié.
Pourtant, le monument est classé depuis 1920
Ces locaux seront ensuite loués à la pièce à des familles d'abord maltaises puis, à l'indépendance, quand la Ville de Tunis prendra possession des lieux, tunisiennes. Le fait que le Fondouk des Français a été classé monument historique en 1920 n'a pas empêché l'édifice de se retrouver dans un piteux état avec un statut flou pour ses occupants actuels.
Le délabrement d'un lieu de mémoire
Aujourd'hui, le bâtiment menace ruine et une restauration demeure toujours possible si l'on voulait restituer ce lieu de mémoire à sa longue histoire. Mais le veut-on ? Telle est la question qui surgit d'elle-même lorsqu'on constate l'état de délabrement des lieux et de tout ce qui fut l'ancien Quartier franc de Tunis...

H.B.




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