La mémoire des cinq borjs oubliés de Tunis

La mémoire des cinq borjs oubliés de Tunis
Chroniques
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Autour de Tunis, il existe de nombreux borjs, des forts et fortins dont la fonction fut pendant longtemps le guet et la protection de la ville contre les incursions. Ces forts n'ont pas disparu. Certains sont si familiers qu'ils finissent par sembler invisibles, d'autres sont perdus dans les méandres de la ville, sur ses hauteurs et flanquaient ses remparts.
La citadelle de la Kasbah
Au nombre de cinq, ces borjs ont une histoire qui remonte au dix-septième siècle. En les évoquant, il convient de ne pas oublier de mentionner l'ancienne kasbah de Tunis aujourd'hui disparue mais qui fut longtemps le cœur battant du pouvoir. Le quartier de la Kasbah porte encore le nom de cette citadelle qui au temps de Hafsides dominait la ville et était organisée comme les forteresses royales marocaines avec palais, annexes et mosquée.
Au sud de Tunis, Borj Ali Rais...
Borj Ali Rais est une fondation de Ali Thabet, un ministre de Youssef Dey qui avait élevé ce fort au dix-septième siècle. Ce fort a été complétement reconstruit sous le règne de Ali Pacha qui fut à l'origine de deux autres forts de la capitale. Borj Ali Rais se trouve sur la colline qui surplombe le cimetière du Jellaz. L'armée nationale y tient garnison depuis très longtemps.
Sur les hauteurs, Borj Errabta et Borj Flifel...
Borj Errabta se trouve en haut de la colline éponyme et domine des hauteurs le Bardo et Bab Saadoun. Construit par Ali Pacha au dix-huitième siècle, ce fort est remarquable par sa forme de trapèze et ses quatre bastions. Borj Errabta a longtemps servi d'annexe à la prison civile et a été dénaturé par les passages à la chaux qui lui ont fait perdre les couleurs ocre de ses remparts.
Un monument délaissé
Borj Flifel se trouve à proximité de Borj Errabta, en haut de la même colline. Toutefois, ce fort domine une autre direction, celle de Sedjoumi et des plaines qui se trouvent dans cette cuvette et fuient jusqu'aux lointaines Sminja, Mghira, Naasen et Mornag. Circulaire, ce borj est flanqué de deux bastions de protection, au niveau de sa porte monumentale. Ce borj, relativement délaissé est toutefois un monument historique dont la visite n'est pas autorisée. Il demeure confiné dans sa solitude.
Les forts voisins de Sidi Yahia et Bab el Assel
Borj Sidi Yahia se trouve à la bien nommée rue du Fort. Construit au dix-neuvième siècle, ce borj est venu consolider le rôle défensif de la petite mosquée Sidi Yahia. En effet, cette mosquée avait un rôle défensif très marqué et son minaret dominait les plaines du nord, à la sortie de Tunis. Borj Bab el Assel se trouve non loin. Il a été édifié au début du dix-neuvième siècle et flanque le rempart extérieur de Tunis aux environs de Bab el Khadhra.
De la Goulette au lac de Tunis
En conclusion, comme pour la Kasbah, il convient de mentionner deux forts extérieurs proches de la ville de Tunis et faisant partie intégrante de son système de défense. Il s'agit du fort de Chikly sur l'île qui se trouve au centre du lac de Tunis. Ce fort qui a été construit par les Espagnols en 1546 est édifié sur des fondations qui remontent à l'époque romaine. De même, le fort de la Goulette que nous nommons Karakka a été construit en 1535 par Charles Quint et sera pris par les Ottomans en 1574.
Borjs et kalaas autour de ville
Ainsi, au final, ils sont sept forts et une kasbah à avoir participé à l'histoire défensive de Tunis. Bien entendu, il existait plusieurs postes avancés que l'on retrouve d'ailleurs dans la toponymie actuelle. Il suffit de songer à Borj Cedria, Borj el Amri ou Kalaat Landaloss pour réaliser le caractère également diffus des protections de Tunis. Ces termes de borj ou kalaa signifient en effet fort, fortin ou citadelle. Ceci pour ne pas évoquer les ribats côtiers à l'image des nombreuses zaouias qui ponctuent le littoral et avaient aussi des fonctions de surveillance des côtes... Décidément, "Tounès el Mahroussa" mérite bien ce surnom de la Bien gardée !

H.B.

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