Les Rois du blablabla

Les Rois du blablabla
National
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Tunis Hebdo | A tous ces politiciens qui parlent pour ne rien dire «Oyez, citoyens, oyez, Ouvrez bien vos oreilles et écoutez ! Car voici venu le moment de tout dire, tout cracher. Je ne tairai rien, je ne cacherai rien, je ne reculerai devant rien, je n’épargnerai personne, advienne que pourra ! Je dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Sans détours, sans façons. Adieu les demi-mots ! Adieu les allusions ! Adieu les clins d’œil ! Il est grand temps de désigner les choses par leurs noms. Un chat est un chat, et il le sait. Alors pourquoi avoir peur de le dire ? Et puisque je n’ai peur de rien, ni de personne, tant que la Vérité (avec un V majuscule, s’il vous plaît !) est mon point de mire et mon Absolu (avec un A majuscule, s’il vous plaît), je ne lésinerai pas sur les mots, je n’économiserai pas mes propos, je ne tournerai pas autour du pot, j’irai directement au but, et tant pis (ou tant mieux, que sais-je ?) si ma franchise fera des mécontents ; tant pis si je dois en subir les conséquences les plus néfastes. Pour les beaux yeux de la Vérité, aucun sacrifice n’est assez grand ! Qu’y a-t-il, en effet, de plus beau, de plus pur, de plus éclatant que la Vérité ? Cette Vérité, belle, pure et éclatante, je l’aime, nous l’aimons, vous l’aimez. Pourquoi donc la garder prisonnière, alors qu’elle est faite pour éclairer, illuminer, éblouir ? Oyez, citoyens, oyez ! Ouvrez bien vos oreilles et écoutez ! Car ce que je vais vous dire n’a jamais été publiquement dit, et personne n’a jamais eu le courage de le dire. Vous le chuchotez certes dans les coins, vous en parlez entre amis intimes, vous le mâchez et le remâchez en votre for intérieur, mais jamais, au grand jamais, vous n’avez osé le dire en plein public et à la lumière du jour. Alors, je vais, en peu de mots, vous délivrer de cette lourde charge qui vous pèse depuis des éternités. Je vais vous libérer d’un silence longtemps supporté et d’une inhibition qui vous a toujours fait mal quelque part. Je serai votre porte-parole et le traducteur fidèle de vos pensées et de vos réflexions, car je connais bien le fond de votre pensée et les cheminements de votre réflexion. N’est-ce pas pour cela que vous m’avez élu ? Oyez, citoyens, oyez ! Ouvrez bien vos oreilles et écoutez ! Car l’heure de la Vérité est grave, et elle réclame toute votre attention. Ne ratez pas un mot de ce que je vais vous dire, et souvenez-vous toujours d’un élu du peuple qui a osé dire l’indicible et défoncer les portes de l’interdit. Mais, au fait que vais-je vous dire que vous ne sachiez déjà, que vous ne pensiez déjà ? Et puisque vous savez ce que je sais, et que vous pensez comme je pense, à quoi bon ces longs discours inutiles, Vous m’avez compris, je vous ai compris. Tout le reste c’est du blablabla». Un politicien, comme beaucoup d’autres chez nous, a parlé et n’a rien dit… «Saâdek ya latrach ! ». (Bien heureux les malentendants !)

Adel LAHMAR




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