Le dernier tango

Le dernier tango
National
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"La folie, c’est de recommencer la même chose et en attendre des résultats différents", expliquait Einstein… Ce ne sont pas deux hommes seuls qui changeront les choses, fussent-ils des vieux de la politique, ni deux partis fussent-ils dominants ; ce sont les citoyens qui changeront la société par leur conviction, leur union et leur ténacité ! Or, le capital confiance entre dirigeants et citoyens s’est considérablement effrité en raison d’une multitude de frustrations, d’impuissances et de lâchetés, et ce, sous la présidence de quelqu’un qui se déclarait rassembleur alors qu’il ne hait rien de plus que déléguer et partager le pouvoir. En face, nous avons eu un gouvernement qui a souvent improvisé, qui a excellé dans l’art de mal communiquer et qui a souvent su déboussoler le peuple en donnant des coups de plumeau quand il fallait un grand ménage ! Comme partenaire social, l’UGTT qui fût jadis l’arme fatale contre l’occupant, est en pleine dérive tant elle est débordée par ses bases : des mini-Etats qui s’érigent en maîtres chanteurs ! Nos politiques, pour la plupart des novices, n’ont pas la culture de gérer la chose publique pour servir les régions en détresse, mais ils ont tendance à gérer leur carrière pour se servir eux-mêmes, et à gérer leur image en sautant comme des cabris sur les plateaux de TV ! La prétendue démocratie représentative est devenue suspecte tant les députés n’ont pas exercé leur devoir sacré de représentant du peuple, effacés qu’ils sont derrière la discipline que leurs imposent leurs partis ! Enfin, pour compléter le tableau des acteurs de cette Tunisie en pleine crise, nous avons un peuple qui, tout en étant fainéant et fauché, consomme tout et n’importe quoi, en faisant appel au crédit pour tous ses besoins : mariage, vacances, Omra, et on vient de lui recommander de cesser la consommation des bananes pour freiner la chute vertigineuse du dinar ! Un peuple qui jette quotidiennement l’équivalent de trois cent mille dinars de pains, un peuple qui a réussi miraculeusement à bloquer la production de phosphate, richesse naturelle qu’il fallait simplement se baisser pour la ramasser ! Devant cet état désastreux des lieux, le degré de haine a atteint un tel niveau que pour sauver le pays d’une banqueroute, certains doivent se retirer, au moins provisoirement, pour laisser la place à une équipe compétente, citoyenne, patriote, qui fasse l’unanimité et rassure à l’intérieur comme à l’extérieur : un gouvernement de sauvetage en somme ; mais pour l’instant on nous propose une bouillabaisse entre partis et on nous garantit que l’on saura retrouver le point G de l’assiette, un vaste programme ! Si seulement le couple qui mène la danse pouvait écouter les spécialistes de la chose publique, les expérimentés, et arrêter la stratégie d’enfumage qui a mené le pays aux abîmes ! Si seulement nos prestidigitateurs pouvaient tenir compte des réalités quotidiennes des Tunisiens en nommant une équipe qui ira jusqu’au bout du grand ménage ! Si seulement les Tunisiens pouvaient, comme aux premières heures du soulèvement, cesser le lâcher des rumeurs, des intox et des boules puantes contre d’autres Tunisiens ! Et si seulement les médias pouvaient mener à bien leur noble mission d’informer sans nous inonder de ce flot d’images puantes ! Gageons que ceux qui sont aux commandes vont entamer leur dernier tango, et gageons que le peuple s’en souviendra à l’heure du bilan !

Zouhair Ben Jemaa




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