En dictature, on te dit ferme-la… En démocratie, on te dit cause toujours… Et si on causait !

En dictature, on te dit ferme-la… En démocratie, on te dit cause toujours… Et si on causait !
National
print



En dictature, on te dit ferme-la…, et en démocratie, on te dit cause toujours… Et c’est à ce titre que nous allons causer puisque c’est le seul droit qui reste encore "exerçable" avant d’acquérir celui de nous taire ! Il est peu de dire que l’état de la nation est très fâcheux, et que l’atmosphère dans laquelle nous baignons depuis six longues années, fait que notre pauvre pays s’exténue dans les interférences politiques des différents bords en réalisant des résultats détestables. De quoi allons-nous causer alors ? De cette cadence infernale d’un chef de gouvernement par an depuis la pseudo révolution, ce qui a coûté le saignement de notre économie, et on nous sort à chaque fois du chapeau des prestidigitateurs un candidat sans moyens et sans appui politique franc ! Pourquoi ne pas demander à monsieur Brahim de nous dénicher un DSK du redressement économique, puisque notre pays s’est vidé de tout capital humain ! Devons nous causer du dinar qui chute vertigineusement à vue d’œil sans que l’on puisse espérer voir le bout du tunnel, pendant que notre tourisme coule dans les fonds emportant dans ses cales des centaines de milliers d’emplois, pendant que notre richesse minière est prise en otage par une bande de mafieux sans foi ni loi, et pendant que les robinets des produits de contrebande introduits chez nous coulent à flots ! Ou alors, nous devrions peut-être causer des mille milliards supposés être offerts comme dons d’un pays frère nommé Jacques, et qui s’avèrent avoir été transformés en dettes remboursables à très court terme sans que l’on sache où et comment on a bien pu les dilapider ? Dans le même esprit de bonne gouvernance, causons de cette compagnie aérienne fantôme qui a réussi à arnaquer en un temps record tout un peuple déjà saigné, de 80 millions de dinars nous dit-on, sans que la moindre enquête ne soit diligentée, surtout que le promoteur futé se trouve être un député, quel exemple et quel symbole ? Et l’homme d’affaires belge qui a été pris la main dans le sac caressant des armes lourdes transformées en jouets à leur sortie du scanner, et qui vient de démentir avec toupet les propos du ministre de l’Etat Tunisien sans que l’on y trouve à redire ? Non, causons plutôt de ces députés qui brillent par leur absentéisme et qui nous ont fait oublier que nous sommes devenus un régime parlementaire tant ils exécutent à la lettre ce qui se décide dans la sphère des prestidigitateurs de la politique ? Et leurs frères d’armes les fonctionnaires qui battent le record mondial en surnombre et qui nous coûtent des millions de journées d’absence pendant que notre croissance s’accroche au seuil zéro comme une moule à son rocher ? Oui, je sais que vous voulez que nous causions de ces affaires de meurtres des Feu Naggadh, Belaid et Brahmi qui n’avancent pas d’un iota malgré les promesses, il est vrai faites en période électorale, mais qui symbolisent le souci et la détresse de tout un peuple ! Ou de la bizarre stagnation de notre médiocrité économique alors que chaque jour on nous annonce l’arrestation de centaines de recherchés, et la saisie de millions de dinars en devises et en diverses marchandises ? Sinon, causons plutôt du laisser aller chez les instances constitutionnelles comme l’IVD ou la HAICA, quand l’une s’assoie sur la loi en ignorant un jugement du tribunal administratif ordonnant la reprise de fonction d’un de ses membres injustement exclu, et quand l’autre ne respecte pas le contenu de son cahier des charges, et notamment son chapitre V, donnant au citoyen un sentiment de dégoût quand il regarde cette publicité ignoble sur la médecine mercantile, laissant au vestiaire l’éthique médicale et faisant très mal à ces milliers de femmes rurales qui peinent à trouver de quoi nourrir leurs progénitures ? Maintenant si vous insistez, nous pourrions causer de l’ambassade des Etats-Unis qui bloque la circulation à la jonction entre le lac I et le lac II, alors que l’on pourrait se contenter d’interdire l’arrêt des véhicules à proximité, ou de l’ambassadeur du même pays qui se permet de commenter nos affaires intérieures sans que nos responsables ne bougent un doigt ! Pour les Bourguibistes pur sucre, ceci n’aurait jamais pu se dérouler ainsi du temps du Zaïm n’est ce pas ? Du temps de la dictature, le despote par crainte de déstabiliser son régime, s’efforçait de nommer les meilleurs de leurs spécialités pour assurer à l’Etat sa continuité, alors qu’en démocratie, les gouvernants, forts de leur légitimité bien que relative eu égard au fort taux d’abstention, se relâchent et essaient de satisfaire tous leurs proches sans se soucier du devoir de résultat, et c’est ce qui fait causer l’opinion sur tous ces politiques qui trouvent que retourner sa veste coûte moins cher que d’aller chercher les soldes !

Zouhair Ben Jemaa




André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : Arrestation d’un deuxième terroriste

Suivant