Egalité homme-femme : De bas en débat…

Egalité homme-femme : De bas en débat…
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Tunis Hebdo | La bataille contre la mixité a déjà commencé dans pas mal d’endroits et à pas mal d’occasions. Souvenez-vous qu’en 2011, précisément à l’occasion des élections, les régions et cités où l’islamisme est agissant, ont imposé aux files d’attente devant les bureaux de vote de se scinder en deux, en fonction du sexe : les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. C’était évidemment un mot d’ordre pour les militants islamistes émanant de leur commandement et ils étaient tenus d’en faire une réalité sur le terrain. Cela a marché dans les bureaux de vote de circonscription «contrôlés» par les religieux et moins bien dans ceux où ils n’avaient pas d’assises populaires. Résultat : le pays était véritablement coupé en deux. Au Sud-Ouest, ou dans les banlieues du sud de la capitale, il y avait les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. A Tunis-Ville, à La Marsa, dans les Menzah et les Manar, la queue était pour tout le monde. La Tunisie était alors, et l’est encore, bicéphale voire schizophrène. Et bizarrement tout semble verser dans cette histoire d’égalité entre les hommes et les femmes. Entendez que le principe de l’égalité consacré par la Constitution à la faveur d’une rhétorique abracadabrante qui n’offusque pas les islamistes peut devenir fluctuant voire connaître des interprétations diverses, religieuses ou pas. Le débat engagé, en ce sens, sur l’égalité dans l’héritage, suite à une motion qu’un député fait circuler à l’ARP est assez révélateur de la tournure que risquent de prendre les choses entre partisans de l’égalité des sexes et ceux qui soutiennent encore que la femme n’est pas l’égale de l’homme, mais un complément nécessaire. On a compris que la meilleure entrée en la matière est de toucher au sacré pour voir un peu la réaction de ceux qui se réclament de la société civile, un peu comme cette histoire d’apprentissage du Coran dans les établissements scolaires en été. Toute remarque même innocente jette son auteur dans le rang des mécréants. Et toute opinion favorable à l’égalité entre les sexes dans l’héritage poussera ceux qui la prononceront du côté des laïcs et autres hérétiques. Maintenant, c’est une toute autre question qu’on soulève : le harcèlement à l’intérieur des moyens de transport. Tous les médias y consacrent de larges articles, comme si ce phénomène datait d’hier. Le plus dangereux dans l’affaire c’est que tous ces problèmes sont associés, par ceux qui les remettent, pernicieusement, au-devant de la scène, à la religion. Cette volonté de diviser les Tunisiens en deux est toujours aussi tenace et elle vise une confrontation entre deux franges d’un peuple qui, pourtant, a toujours su vivre avec les différences et les disparités qui séparent ses enfants.

IBH

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