Dans le mystère du Jihadistan tunisien

Dans le mystère du Jihadistan tunisien
Chroniques
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Après l'attentat du 24 novembre visant la garde présidentielle, il ne se passe plus un jour sans que les forces de l'ordre ne démantélent des cellules jihadistes ou ne découvrent des caches d'armes aux quatre coins de notre territoire. Le bilan est éloquent, montrant l'étendue de la menace, surtout en matière d'armement: un véritable arsenal à Akouda dans le Sahel, des saisies d'armes et des arrestations à Kairouan, Menzel Bourguiba, Médenine et ailleurs. Il devient de plus en plus évident que les jihadistes tunisiens ont disséminé des armes un peu partout, en attendant leur grand soir... Le laxisme coupable de la Troika Invisible à l'oeil non exercé, un Jihadistan tunisien fleurissait aux quatre vents de la République sous couvert de pratique religieuse et d'associations culturelles. Voire, comme le souligne l'économiste Mustapha Kamel Nabli, avec des brèches dans nos lois qui favorisent le financement du terrorisme par des sources étrangères au pays. Ce Jihadistan qui a l'allure d'une cinquième colonne ennemie a profité pêle-mêle du laxisme de la Troika, de la lecture que font de l'Etat de droit les islamistes dits modérés, d'une application des lois qui parfois immunise les extrémistes et de nombreux autres facteurs parmi lesquels la porosité de nos frontières. Une armée de l'ombre Ce Jihadistan a aussi de nombreux adeptes. L'arithmétique permet de prendre la mesure de la menace. Ils seraient près de 12.000 Tunisiens engagés dans les milices islamistes en Syrie, en Irak, en Libye et ailleurs. Ils seraient aussi 20.000 à avoir été empêchés de quitter le pays pour le jihad. Ceci sans évoquer le cas troublant de ceux qui, de retour au pays, ont été assignés à résidence. Ces derniers seraient un demi-millier. Cela nous donne le chiffre ahurissant de quasiment 35.000 activistes de tout poil! Que dire alors des sympathisants actifs qui sont dans nos murs et demeurent capables, à tout moment, d'un passage à l'acte pour devenir les martyrs de leur cause... Transporter la bataille vers les villes Combien de massacres faudra-t-il pour que l'on ne se contente plus de simplement ficher ces individus? Car lorsqu'ils agissent, il est déjà trop tard. On peut à juste titre se demander si l'état d'urgence ne fait que reporter le problème, appelé à se reposer plus tard. La véritable question est de savoir quelle est notre stratégie pour contrecarrer la menace terroriste. Surtout que l'attentat du 24 novembre évoque un changement tactique des terroristes qui sont en train de transporter la bataille vers les villes tout en continuant à relativement épargner les populations civiles.

Un Jihadistan embusqué

Enfin, il est temps que l'islam politique, qui se qualifie de "modéré", dénonce clairement et sans ambiguités cette menace terroriste et que ses dirigeants et militants cessent leur double langage. Les Tunisiens semblent aujourd'hui prêts à limiter leurs libertés pour plus de sécurité, même si cela pourrait provisoirement contrarier notre projet démocratique qui ne saurait s'accomoder d'un Jihadistan embusqué, prêt à tout pour briser le rêve d'un peuple et sa transition politique.

H.B.




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