Le tourisme ballotté entre les impressions positives de la ministre et les appréhensions des professionnels !

Le tourisme ballotté entre les impressions positives de la ministre et les appréhensions des professionnels !
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Tunis Hebdo - La ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, s’est fondue en propos positifs en lien avec les statistiques enregistrés par le secteur, et ce, malgré la baisse du nombre de touristes ayant visité la Tunisie en 2015. Dans le même temps, les professionnels ont exprimé leurs appréhensions devant le marasme de leurs activités…
4,5 millions de touristes sont venus dans nos murs depuis le début de l’année, et on estime à 5 millions leur nombre d’ici fin 2015. Un recul de près d’un million par rapport à 2014. Sachant que le gros de ces touristes a foulé notre sol avant l’attentat de Sousse et que les Algériens en constituent le contingent le plus important (1.100.000). Mais on est loin des 6 millions enregistrés en 2014.
‘’Je comprends les appréhensions !’’
Invitée vendredi dernier dans l’émission 7/24 de Meriam Belkadhi, Mme la ministre a essayé, tant bien que mal, à esquiver les questions de son interlocutrice qui ont toutes tourné autour des préoccupations des professionnels du secteur, lesquels considèrent que le secteur agonise gravement. Selma Elloumi Rekik dit comprendre les appréhensions des hôteliers, artisans, agents de voyages, restaurateurs, taxistes et tous les métiers en rapport avec le secteur touristique. Cependant, il n’est pas besoin de sombrer dans un discours négatif, insiste-t-elle. Malgré la conjoncture difficile que le secteur traverse depuis les attentats du Bardo et de Sousse, nous espérons redresser la barre et revenir à un rythme régulier de remplissage de nos hôtels, ajoute la ministre. Est-il besoin de rappeler qu’il y a des unités hôtelières qui ont continué à travailler pour accueillir les revenants (ndlr : des touristes ayant décidé de revenir séjourner dans le même hôtel). Mme Elloumi se rassure en évoquant l’exemple de la France qui est le pays le plus visité au monde avec 84 millions de touristes par an. Ce pays a vu ses réservations péricliter après les récents attentas de Paris. Pas moins de 60% d’annulations ont été enregistrés depuis le 13 novembre. Mais en quoi une comparaison avec la France peut-elle apporter une image réelle de la situation du tourisme en Tunisie ? Parce qu’il n’est de secret pour personne que l’affluence touristique en Hexagone a des raisons qui diffèrent beaucoup des nôtres et la reprise de l’activité touristique en France se fera beaucoup plus rapidement que la nôtre. Les arguments de vente n’étant pas du tout les mêmes. Loin de cette démagogie de la comparaison, les craintes, voire le pessimisme des professionnels du secteur demeurent intacts. Comment amener une clientèle si rien de sécurisant ne se pointe à l’horizon.
La Tunisie en mal de croisières !
C’est ce segment de clientèle qui a le plus régressé depuis 2010. Cette année-là, rappelle Selma Elloumi Rekik, la Tunisie a accueilli 900 mille croisiéristes, chacun d’eux dépensant une moyenne de 80 euros dans nos murs. L’artisanat, les restaurants, les taxis, le prêt-à-porter, tous ces secteurs d’activité sont liés directement ou indirectement à cette manne touristique, aujourd’hui en nette régression. De 900 mille croisiéristes en 2010, on est tombé à 300 mille les années post-révolution. Après l’attentat du Bardo, la Tunisie a été déprogrammée. Ceci explique, dira la ministre, pourquoi les 360 mille artisans, entre autres agents qui dépendent de ce type de clientèle, vivent aujourd’hui dans la précarité. L’un d’eux a accusé le système All inclusive d’avoir souillé leur activité quand bien même il est temps d’interdire cette pratique discriminatoire à ses yeux. Malgré ce tableau noir, la ministre du Tourisme se dit optimiste en l’avenir du secteur. Elle prend pour argument les retombées que pourrait entraîner le Prix Nobel de la Paix sur l’image de marque de la Tunisie à l’extérieur. C’est une action plus efficace que n’importe quelle autre campagne de communication d’envergure. A propos de campagne, Selma Elloumi Rekik a déclaré que son département lance le 10 décembre une action tous azimuts sur les réseaux sociaux, comprenant un film documentaire qui retrace l’histoire de la Tunisie, de son peuple et la beauté de ses sites. L’achat des espaces publicitaires sur les réseaux sociaux présage que l’opération sera réussie et les résultats probants, ajoute la ministre. Est-ce l’unique stratégie dont dispose le ministère du Tourisme ? Les campagnes publicitaires et la location d’espaces virtuels peuvent-ils à eux seuls constituer une offensive marketing fiable ? N’y a-t-il pas une réflexion à engager au niveau du secteur touristique lui-même afin qu’il soit apte à relever les défis le jour où il sera possible de rétablir la confiance avec les visiteurs étrangers ?

C.C.




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